Les textes de Paul et de Marc que nous venons de lire peuvent s’entendre comme un seul texte à deux voix, ou du moins, l’un peut être l’écho de l’autre sur certains points.Paul dit : « j’annonce l’Évangile, mais je ne le fais pas de ma propre initiative ; je le fais, car c’est une mission qui m’a été confiée »
C’est bien évidemment la dynamique du Christ, celle de la mission. Il dit d’ailleurs, « c’est pour cela que je suis sorti »
La mission est la dynamique qui vous permet de garder le cap, de ne pas vous reprendre en chemin, de ne pas monnayer ce que vous avez à faire, et avec l’objectif d’aller au terme de ce que vous avez à faire. La mission est toujours liée à la vie, à l’espérance, à la providence, à tout ce qui contribue à mettre et à remettre l’être humain debout.
Si ce n’est pas le cas, alors c’est que vous n’êtes pas dans la mission, ou que vous en êtes sorti.
C’est un signe qui nous permet de nous rendre compte de l’état des lieux. Mais faut-il encore avoir ces moments de recul et de ressourcement pour nous en rendre compte.
Sur ce point, le Christ lui, redonne la santé à ceux qui l’avaient perdue, ne serait-ce qu’être délivré d’une simple fièvre, ou de retrouver la maîtrise de sa vie après avoir été sous l’emprise d’une personne maléfique.
Après avoir fait tout cela, être reconnu comme tel pour ses actions, ce qui lui assure une notoriété sur place, et l’envie de rester sur place. Non, il éprouve le besoin de se retirer dans un endroit désert pour prier.
Pourquoi ?
Pour rester vivant, pour rester en état de vérité, car quand on est en état de vérité, alors on ne se perd pas en chemin, même s’il est tortueux et on accomplit des actes fertiles, des actes féconds.
La vérité de notre action est sa fécondité.
Paul dit en écho, « j’annonce l’évangile à tous, sans esprit de clan, pour y avoir part, moi aussi »
« J’annonce l’évangile, pour y avoir part, moi aussi » ! Voilà une curieuse formule !
Pourquoi Paul, lui le grand apôtre, a-t-il besoin d’entendre l’Évangile ? Pour la même raison, pour rester vivant ! Pour rester en état de vérité, pour garder l’Esprit, pour garder l’Esprit du Christ. L’Esprit ne peut pas aller contre lui-même.
Quand on n’est pas en état de vérité, on accomplit des actes stériles, même s’ils sont grandioses à nos yeux ou à ceux de nos admirateurs.
La mission fondamentale, nous l’avons dans le cœur. Ce n’est pas quelque chose qui nous vient de l’extérieur.
Parfois, on met du temps à l’entendre, à lui donner forme dans des actions particulières. En cela, certaines personnes ou certains faits fonctionnent comme des miroirs ou des révélateurs et nous aident à nous rendre compte de ce que nous avons dans le cœur comme attente et comme potentiel.
Une fois parvenu à prêter l’oreille, alors, cela qui nous amène à travailler avec acharnement, pour entendre la Parole qui parle en nous comme si elle n’était pas de nous.
La Parole qui parle en nous, parle à voix basse ; et qu’elle peut être recouverte par notre propre bruit et par le bruit du monde,
Plus la parole est importante, plus la voix qui la dit est ténue.
Quand nous nous retirons pour prier, c’est pour entendre, c’est pour mieux entendre la Parole qui parle en nous.
Quand nous faisons retraite, ou même lors d’une marche méditative, c’est toujours un rendez-vous, un tête-à-tête avec ce qui nous est le plus intime ; c’est pourquoi nous pouvons nous laisser transformer par ce que nous cherchons à connaître, par ce que nous cherchons à entendre ; en fin de compte, par ce que nous cherchons à rencontrer !
La Parole parle au cœur de toute personne ; ce n’est pas une question de religion.
Les mystiques de différentes religions se retrouvent très facilement sur la même longueur d’onde, car ce sont des écoutants de la Parole qui parle en eux, et cela les fait frères et sœurs.
Voilà le chemin que nous ouvre le Christ, lui qui est Seigneur, il savait comment il était fondamental d’écouter la Parole.
Le credo hébraïque commence par : Sch'ma Yisrā'ēl (écoute Israël) YHWH elohénou YHWH eḥāḏ !