Jésus est revenu à Jérusalem, et au Temple où on cherchait à le tuer. Pas encore son heure. Le peuple vient à lui, tandis que des hommes de Dieu cherchent à l’accuser. En nous se mélangent ceux qui se laissent enseigner et conduire par le berger et ceux qui veulent avoir le pouvoir sur tout, qui lui amènent une femme surprise en délit d’adultère. Mais lui se baisse et écrit sur le sol. Il écrit quoi ? La Loi de Moïse, disent certains. Et ce qu’elle dit : « que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Ils ne venaient pas accuser la femme, en fait, mais Jésus. Et ils s’en vont sans rien dire. Jésus se baisse à nouveau, comme à sa Passion ; il réécrit l’Alliance. Il se redresse, comme au jour de Pâques, et debout il s’adresse à la femme, à notre humanité : « moi non plus, je ne te condamne pas, va ; et désormais ne pèche plus ». « Va » : c’est lui, Dieu, mon Père et ton Père, qui te relève !
Les pris en flagrant délit d’adultère sont peut-être finalement ses accusateurs, ces hommes qui pensent servir Dieu et dont le cœur est loin de lui. Ils restent dans le déni de leur adultère, c’est la seule différence. Jésus, dans sa chair, accomplit les Écritures : il éprouve les déserts humains, l’exil des captifs, la soif des psalmistes, la fidélité des prophètes, la nuque raide du peuple de Dieu, la sortie laborieuse d’Égypte vers une Terre Promise jamais vraiment arrivée. Tout sera accompli au Golgotha, quand le Père le relèvera. Il le relèvera, porteur de nos exils, de nos captivités, de nos déserts, vers une Vie nouvelle. Accomplir les Écritures est le propre du Fils bien-aimé de Dieu. C’est lui qui ramène les captifs, et les torrents au désert. Les captifs, c’est nous, c’est le vieil homme en moi attaché à une Loi détournée pour dominer. Les torrents sont les captifs revenus à la vie, les chacals et autruches que nous sommes rendant gloire à Dieu pour l’eau nouvelle de Pâques ! Il nous entraîne à devenir fils et filles de Dieu. Nous le sommes quand ce n’est plus nous qui vivons mais le Christ qui vit en nous, comme le Père vit en lui, le Christ ! Les déserts réapparaissent aujourd’hui avec l’Ukraine : où trouver du gaz, et même du blé, de la farine ? Les plus pauvres vont-ils encore en faire les frais ? … Seigneur, ramène nos captifs, ramène les torrents au désert. Alors ton humanité, nous, moi, entendront : « va, et désormais ne pèche plus ».
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Is 43, 16-21 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11