Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 19 décembre 2021 - 4e dimanche de l'Avent

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 18 Décembre 2021, 16:29pm

Catégories : #homelie_cazalis

Pour commencer cette quatrième semaine de l’avent, nous avons des textes d’une grande positivité tout à fait accordée à l’événement qui vient et qui nous attire à lui.
 
Ayons conscience du privilège dont nous sommes gratifiés, d’être ainsi unis au Christ et de percevoir la motion de son Esprit.
 
En effet, nombreux sont ceux qui auraient aimé vivre cette grâce et n’en ont pas l’expérience, d’après leur propre témoignage.
 
Même ceux qui dénigrent la foi et l’Église en général ou qui prennent plaisir à tourner l’Église en dérision n’ont pas idée de ce dont ils sont privés ou de ce dont ils se privent.
 
 
L’expérience de Dieu ou la naissance de Dieu dans l’âme, comme la nomment Saint-Augustin, Maître Eckhart et les autres mystiques de cette trempe, est la grâce même.
 
Pour que cette naissance de Dieu dans l’âme soit annoncée et ouverte à toute personne, à tout peuple et à toute nation, il fallait que la création franchisse une étape décisive dans son processus d’évolution.
 
Cette étape décisive avait besoin d’un input essentiel, d’un apport essentiel ; c’est la naissance de Dieu dans la création.
 
Les prophètes et ceux inspirés de Dieu dans les temps anciens présentaient, à distance historique, cet événement.
 
Le prophète Michée, à la fin du 8e siècle avant notre ère, alors que l’armée assyrienne s’enfonçait en Palestine, évoque ce nouveau David, le vrai berger.
 
Le vrai berger amène une nouveauté radicale que l’auteur de la lettre aux Hébreux rappelle à ses congénères chrétiens. Visiblement, ces chrétiens exprimaient leur foi dans le culte du temple de Jérusalem.
 
L’auteur de la lettre aux Hébreux met les paroles du psaume 40 dans la bouche du Christ, comme un chant du Christ adressé au Père.
 
Le Christ est l’homme accompli. Avec l’auteur de la lettre aux Hébreux, cette parole sourd du cœur de l’humanité, car le Christ est celui qui peut mieux dire cette parole, et ce faisant, il la fait dire à toute l’humanité.
 
Le Christ a remplacé l’ancien culte du temple de Jérusalem par un sacrement, l’eucharistie, le sacrement de communion, le sacrement qui coule dans les veines de l’Église. Il renouvelle sans cesse la présence du Christ parmi nous.
 
Dans les temps anciens, au moins depuis le paléolithique supérieur, déjà avec le chamanisme, les humains avaient compris que seule la vie pouvait restaurer la vie, seule la vie était à hauteur de la vie, d’où le rituel sacrificiel qui a été pratiqué par la suite dans toutes les formes de religio dans ce but et dans toutes les contrées de la planète.
 
Cette intuition est très juste sur la valeur de la vie et quant à sa restauration quand elle est affectée par le chaos comme la maladie, la faim, la guerre, les catastrophes, etc.
 
L’évolution culturelle s’est poursuivie et dans divers endroits de la planète, des groupes humains en sont venus à la conviction que le sacrifice d’animaux n’avait pas la puissance salvatrice qu’on lui attribuait et qu’il faudrait passer à un sacrifice d’une puissance équivalente à la vie humaine.
 
Là, diverses voies ont été explorées.
 
Par exemple, dans certains peuples, on s’est rendu compte que même en sacrifiant tous les congénères de la contrée, cela ne suffirait pas à assurer un salut une fois pour toutes, et il faudrait bientôt recommencer. C’est assez désespérant.
 
Non, le salut ne peut pas venir de notre propre sacrifice, car nous valons plus que nous sommes, nous nous dépassons en valeur absolue ; c’est assez vertigineux.
 
Nous ne sommes pas assez dupes pour croire en un salut de notre propre fabrication, sauf à abdiquer de ce que nous sommes, en sacrifiant le désir incoercible de vie qui nous habite.
 
Il y a une autre manière de repousser le sacrifice ; c’est la manière dont l’ego l’envisage.
Ne pas persévérer dans son mouvement pour une autre cause équivaudrait à un véritable sacrifice de soi-même, c.-à-d. une perte de soi-même.
 
Or, précisément, tandis que l’ego tend à se recroqueviller sur lui-même, à se posséder lui-même, la grâce fait passer de l’ego à la vie.
 
La grâce n’oblige pas. Elle rend responsable ; c’est plus ; la responsabilité fait partie de la grâce.
 
 
La grâce, la vie, elle met en mouvement, elle fait sortir de l’enfermement de l’ego, elle met en relation, elle provoque la visitation.
 
Marie et Élisabeth font l’expérience de la grâce, et nous partageons encore et encore leur joie, leur jubilation sereine.
La visitation, c’est quand une salutation, une conversation, une présence, une action de celui qui porte le Christ provoque cette motion caractéristique de la présence de l’Esprit, la présence du consolateur.
 
Si le bénéficiaire de la grâce n’en connaît pas l’origine, le Christophe, le Khristóphoros (porteur du Christ) est en mesure d’en témoigner. 
 
Ainsi s’exprimait Saint Amboise, évêque de Milan au 4e siècle sur la visitation :
 
« Heureux, vous aussi qui avez entendu et qui avez cru ; car toute âme qui croit conçoit et engendre le Verbe et le reconnaît à ses œuvres ».
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Mi 5, 1-4a ; Ps 79 (80), 2a.c.3bc, 15-16a, 18-19 ; He 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45
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