Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 20 décembre 2020 - 4ème dimanche de l’avent, année B

Publié par Roland, Cazalis, compagnon jésuite sur 19 Décembre 2020, 19:15pm

Catégories : #homelie_cazalis

La première parole de l’ange à Marie est pour dire qu’elle est comblée de grâce, car le Seigneur est avec elle.
La suite est à la hauteur de la grâce reçue à l’origine de son existence.
La grâce est la notion qui a attiré mon attention dans ces textes et les conséquences qui peuvent en découler pour chacun d’entre nous.
 
Il me semble que la grâce et l’appel se recoupent, et quelque part, cela revient peu ou prou à « être-avec-lui ».
 
Je crois que Dieu est avec chacun d’entre nous, « Dieu-avec-nous » est d’ailleurs son nom, « Emmanuel ».
Dieu est avec chacun ; certains le savent ou s’en rendent compte, d’autres ne le savent pas ou ne s’en rendent pas compte.
En revanche, pour « être-avec-lui », pour que cette expression devienne notre nom propre, pour tourner notre être vers lui, cela nécessite un appel particulier.
L’appel ou l’amour, c’est un peu la même chose.
Plus Dieu nous appelle, plus son appel est puissant, plus il nous désapproprie de nous-mêmes, sans nous quitter notre liberté bien sûr, c.-à-d. sans nous approprier.
Remarquez que c’est la même chose qui se passe entre les êtres humains.
Plus l’autre vous aime, plus il vous désapproprie de vous-même, à tel point que certaines personnes n’acceptent pas qu’on les aime de cette façon, car elles veulent se garder.
Il n’est pas inutile de rappeler qu’il ne faut pas confondre l’amour et la passion. Cette dernière se tourne vers une personne et cherche à se l’approprier. Ce mécanisme a toujours quelque chose de létal.
Plus l’appel de Dieu est particulier, plus il nous demande notre participation pour ne pas dire notre aide ou notre coopération, à l’instar du « restez ici et veillez avec moi », et cela pour le bien du monde.
Alors, nous appelons notre réponse « servir ». C’est d’ailleurs ce que Marie répond à l’ange, « je suis la servante du Seigneur, que tout se passe comme tu as dit ».
Sur ce point, il nous faut faire attention au sens du verbe « servir », puisqu’il s’agit d’une action.
 
Servir ici passe certainement par faire quelque chose, par une action pour le bien du monde, mais qui va solliciter tout notre être, comme Marie qui accepte d’être la mère du Seigneur, ou celle « qui a enfanté Dieu », action formulée par le terme « theotokos ».
On voit que ce n’est pas n’importe quelle manière d’agir. Il ne s’agit pas de faire quelque chose momentanément avant de reprendre une activité normale, car cette action fera partie désormais de notre être.
En effet, il y a une espèce de face-à-face dans cette action, dans ce « servir », puisque l’appel revient à tourner notre être vers lui. De la sorte, nous voyons sans cesse son visage, et cette face en vient à nourrir notre âme.
Marie répond à l’ange, néanmoins, le segment de phrase qui dit « je suis la servante du Seigneur » est dit dans le face-à-face et à qui de droit.
Sa réponse est comme le « oui » des époux qu’ils se disent en se regardant en face, et non pas en regardant de l’autre côté ou en baissant la tête.
 
Ce parallélisme fonctionne et nous aide à comprendre ce qui signifie le face-à-face dans le cadre de « servir », quand Dieu nous demande notre coopération comme il l’a demandé à Marie et à Joseph.
Ni Marie ni Joseph n’ont fait campagne pour obtenir cette responsabilité. Ils n’ont bénéficié d’aucun lobbying de leurs partisans ou de leur groupe de pression pour trouver grâce auprès de Dieu, car ce n’est pas ainsi que cela se passe dans le monde de Dieu.
Il y a des initiatives qui ne peuvent venir que de Dieu seul ; il est heureux qu’il en soit ainsi.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
2 S 7, 1-5.8b-12.14a.16 ; Ps [88 (89), 2-3, 4-5, 27.29] ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38
Merci à l'auteur de cette image

 

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