Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


3ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A, 26 janvier 2020

Publié par Roland Cazalis sur 25 Janvier 2020, 17:06pm

Catégories : #homelie_cazalis

Jésus commence sa mission, tel est le propos des textes du jour. Nous sommes invités au partage de la parole de Dieu, un exercice plus répandu dans les Églises réformées.
 
Cet exercice n’est pas une nouveauté pour la communauté paroissiale de Saint Paul, puisque nous le pratiquons un dimanche par mois.
 
Les groupes bibliques qui existent dans diverses paroisses catholiques pratiquent également cet exercice, ce qui veut dire que les catholiques se sont peu à peu approprié la Bible.
 
Si on a accès à Internet, alors on peut trouver des clés de lecture fiables de théologiens ou d’exégètes pour se frayer un passage dans ce corpus où il convient de situer les choses, car la Bible n’est pas un livre de sagesse, mais des livres, le mot biblia désignant l’ensemble des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament.
 
Vu le temps limité que l’on peut consacrer à cet exercice, soyons réalistes, je préconiserais d’aller à ce qui peut soutenir notre quête du Christ. Dans cette perspective, une possibilité serait de suivre la rumeur du Christ dans l’AT, et comment ce qui est dit de lui en filigrane s’accomplit. C’est déjà en soi un travail assez conséquent. Jésus commence sa mission. Voilà une bonne opportunité pour l’accompagner comme un appelé de plus.
 
 
Quand on reçoit l’eucharistie dans sa plénitude, on peut avoir tendance à moins investir dans l’étude de la Parole. C’est un effet de vases communicants.
 
Si l’on n’a pas l’eucharistie en sa plénitude, alors il faut bien aller la chercher ailleurs, c.-à-d. dans la Parole.
 
Là aussi, il faut que l’approche de la Parole soit eucharistique, c.-à-d. qu’elle soit une manière de recevoir l’Esprit, car c’est cela qui fait du bien à l’âme, ce qui nourrit l’âme, comme le fait l’eucharistie, recevoir le pain et le vin, ou la célébration eucharistique en son intégralité.
 
La Parole est donc un lieu de rencontre avec le Seigneur. Dès lors, l’objectif est que la Parole donne, qu’elle donne du sens, qu’elle produise la lumière dans l’âme, la consolation dans l’âme. C’est cela recevoir.
 
Néanmoins, la célébration n’est pas le lieu pour faire une étude exégétique du texte. On n’est pas dans la formulation, dans l’interprétation, dans la science. Ce n’est pas le lieu. C’est un travail que l’on fait dans les groupes bibliques.
 
 
Alors, puisque célébrer, consiste à rassembler ce que nous avons vécu afin de l’offrir, afin de le déposer, afin de le remettre au seigneur pour qu’il porte son fruit, alors il me semble que le partage de la parole peut très bien s’entendre dans ce mouvement de rassemblement du vécu, de récapitulation existentielle par le biais de la question suivante :
 
« Qu’est-ce qui m’a interpellé, m’a marqué durant cette semaine et que j’aimerais partager et remettre au Seigneur ? ».
 
Si c’est un bel événement, alors c’est l’occasion de rendre grâce, car toute bonne nouvelle fait du bien à l’humanité entière.
 
 Si c’est de l’adversité, alors c’est pour que le mal soit désarmé et que la vie soit proclamée, car nous sommes des vivants.
 
S’il s’agit de projet, alors c’est pour qu’il soit utile à la communauté humaine et porte son fruit.
 
Etc.
 
 
Alors, pour passer de la parole à l’acte, je dirai que, cette semaine, j’ai été très sensible à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
 
Le thème qui a attiré mon attention est l’eucharistie.
 
Dans certaines Églises, la Sainte Cène n’est que mémorielle. On rappelle ce qui s’est passé cette nuit-là en refaisant les gestes.
 
Dans d’autres Églises, la transsubstantiation, ou l’ascension du pain et du vin, et par extension, l’ascension de l’assemblée en Christ, ou sa christification, n’a lieu que durant le temps de la consécration, ce qui  rend caduque la notion de « réserve eucharistique » que nous avons dans nos tabernacles.
 
Je crois, qu’il y a là, un excès de rationalisation du monde de la vie que l’Église a payé au prix fort.
 
Dieu ne s’impose pas aux gens. En conséquence, il me semble qu’il faut prendre les choses dans l’autre sens.
 
La question est : « est-ce que je désire communier au Christ par le geste eucharistique ? Quel est mon désir ? Quelle est ma faim ? Quelle est ma soif du Christ au sens littéral des termes ? »
 
Il n’est pas nécessaire de chercher à délimiter ce que Dieu est autorisé à faire. Dieu ne s’impose pas aux gens. Une fois que vous avez compris cela, cela vous libère des obligations ecclésiales et vous permet d’être vrai dans l’option que vous avez librement choisie. Désormais, c’est à vous de jouer. Le comptable, le juge, l’arbitre, c’est le monde de la vie.
 
L’eucharistie, être christifié par et à travers ce repas paradoxal qu’est la messe, c’est pour celles et ceux qui ont faim et soif du Christ, au sens littéral des termes.
Roland Cazalis
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