Nous célébrons le dimanche de la parole, mais également le 6ème jour de prière pour l’unité des chrétiens.
La liturgie nous fait sentir la manière dont la parole de Dieu est structurante de la communauté et de la foi du croyant.
En dépit des vicissitudes de l’histoire, la parole s’accomplit.
La parole est celle qui est mise au fond de chacun de nous et qui s’accomplit, sauf si le fond du sujet est contrarié par un empêchement qui peut nuire à l’accomplissement total de la parole.
Cette parole va être la motrice de la vie du sujet, même si le chemin peut être hiératique.
Le sujet peut même, par moment, par temps de doute ou d’adversité, s’éloigner quelque peu de cette parole.
En réalité, il ne peut pas s’éloigner vraiment de la parole, puisqu’elle est en lui. La parole se met alors comme en sourdine, et le moment venu, la parole revient à la surface.
Les textes du jour nous relatent deux moments où la parole refait surface. D’abord, dans le peuple après le retour d’exil de Babylone, puis lors de l’une des venues de Jésus de Nazareth à la synagogue du village où il a grandi.
La deuxième lecture de Paul aux corinthiens qui nous parle des premières organisations des églises pauliniennes est assez propice à la méditation sur la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Esdras est un scribe d’origine sacerdotale qui, à la cour perse, était en charge des affaires judéennes.
D’après les sources les plus autorisées, Esdras obtient du roi Perse Artaxerxès II vers 397 av JC l’autorisation de promulguer la loi de Moïse comme loi officielle des Judéens, reconnue par le pouvoir perse.
En effet, depuis l’exil à Babylone et la prise de la cité par Cyrus le grand qui a fondé la dynastie achéménide, les Judéens sous bannière perse.
Cyrus a permis aux peuples conquis d’exercer leur culte national.
Le premier jour du septième mois, soit le premier juillet pour nous, qui deviendra le jour de l’An judaïque, tout le peuple se rassemble sur une grande place de la ville.
Là, Esdras monte sur une estrade et lit la Loi toute la matinée. La loi est en Hébreux, des Lévites traduisent les passages en araméen et commentent le texte afin que le peuple comprenne et acquiesce en conséquence.
Le texte nous relate l’émotion du peuple en entendant ces instructions nouvelles et leurs sanctions à l’encontre des contrevenants.
Il revient à Esdras de rassurer le peuple que la Loi n’est pas d’abord punitive, mais pour la prospérité de tous, car en plus, la loi a à voir avec l’identité du peuple.
Nous l’avons dit, la parole qui est au fond du sujet est sa véritable identité, même si le sujet passe par des moments d’égarement ou de tribulation qui lui font momentanément perdre le fil de son histoire.
La seconde émergence de la parole a lieu à l’occasion de l’une des venues de Jésus de Nazareth à la synagogue du village qui l’a vu grandir.
En cette occasion, l’événement est configuré différemment.
Jésus de Nazareth révèle une part de la parole qui l’habite, une part de la parole qui constitue son identité.
Nous avons là une confidence un peu forte ! Il révèle qui il est à qui veut l’entendre.
Mais puisque cette parole est aussi le fond même de l’espérance du peuple, alors c’est comme si la parole prenait la parole.
Jésus se présente donc comme la parole de fond. De ce fait, la parole est devenue chair ! Ce qui se produit dans cette synagogue est totalement inouï !
À ce moment -là, le peuple aurait pu poser la même question que l’eunuque de la reine Candace posait à Philippe dans les actes des apôtres en entendant un passage d’Isaïe :
« Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ? »
Jésus de Nazareth parle de lui-même.
Cette confidence peut nous donner envie que la parole au fond de nous, la parole qui fait partie de nous depuis notre naissance, même si nous n’avions pas conscience, que la parole se fasse chair.
Qu’elle se traduise par notre engagement, par notre orientation dans l’existence, par notre choix de vie.
Qu’elle contribue à faire de nous des femmes et des hommes accomplis.