Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 23 octobre 2022 - 30e dimanche ordinaire, année C.

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 22 Octobre 2022, 14:24pm

Catégories : #homélie_cazalis

Les textes du jour nous proposent une méditation sur la justice de Dieu et notre désir d’ouverture à la vie.
Merci à l'auteur de cette image

Dans le livre du Siracide (écrit vers 190-180 av J-C), livre absent de la bible hébraïque, le passage retenu pour ce jour nous donne le ton.

 
Il suggère qu’il est inutile d’essayer d’abuser le Seigneur avec un culte qui serait une pure forme.
 
De même, le culte célébré par un puissant n’a pas plus de valeur que celui de l’indigent. En fait, le Siracide ne fait que reprendre l’enseignement des prophètes, au sens où la valeur du culte est liée à la manière dont on sert Dieu de tout son cœur, non dans le culte lui-même, mais dans la vie courante. Le culte ne fait que célébrer la vie courante.
 
Nous avons un autre témoignage dans la dernière lettre de Paul (vers 66-67), lors de sa seconde captivité.
 
Lorsque Paul est transféré à Rome, la capitale est en pleine période de persécution.
Lors de sa première visite, bien que prisonnier, Paul est accueilli par les chrétiens et peut profiter de leur soutien pendant toute la période de son incarcération.
Cette fois-ci, il n’y a personne pour le recevoir. Le climat est différent. L'opinion publique est hostile et les chrétiens n’osent se prononcer à la défense de Paul dont la condamnation ne fait pas de doute.
 
Le chef d’accusation est connu: appartenir à la secte des chrétiens, responsables de l’incendie de Rome. Deux ou trois années se sont écoulées depuis la destruction de la capitale. Néron a eu le temps de reconstruire une partie de la ville.  Selon Tacite, « l'incendie avait été ordonné. Pour mettre fin à ces rumeurs, Néron supposa des coupables... »
 
Alors, dans cette lettre, Paul fait en quelque sorte le bilan de sa vie d’apôtre.
Il dit : « j’ai combattu le bon combat, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle »
 
Il est sûr de recevoir la couronne de celui qui a mené une vie de juste.
 
Il sera condamné par le tribunal romain. Eusèbe de Césarée place l'exécution de Paul entre juillet 67 et juin 68, soit deux ou trois ans avant la destruction du Temple et de la ville de Jérusalem par Titus.
 
En attendant, pour Paul, ce qui compte vraiment est la décision du « juste juge » qu’est Dieu lui-même.
 
La question à poser lors de ce bilan pourrait se formuler ainsi :
 
« Ai-je été fidèle à l’humanité ? Ai-je été fidèle à ma vocation d’être humain ? »
 
Si l’on comprend la profondeur de cette question où le mot « Dieu » n’intervient pas, alors on comprend qu’accomplir sa vie, être fidèle à l’humanité et être fidèle à Dieu forment le triptyque d’un même tableau.
 
Un troisième témoignage nous est donné dans le contraste pharisien/publicain.
 
Le pharisaïsme, à l’origine, est un mouvement spirituel qui vise à vivre la foi à travers des œuvres concrètes et une discipline de vie.
 
Le problème dans ce type de projet est le facteur temps. Paraître est rapide. Se transformer est lent.
 
Paraître par la stricte observance des règles amène à une forme de vertu dont la face cachée est l’hypocrisie. Il sait qu’il n’est pas dans le vrai, car le vrai advient dans le temps de la transformation. Mais, comme il ne veut pas dis-paraître, alors il choisit de continuer de briller d’une lumière qui n’est pas la sienne.
 
En fait, il ne brille pas. C’est juste le désir de briller qui le brûle, mais la vie est ailleurs.
 
 
Le publicain est construit à l’envers par rapport à la figure précédente, mais ce n’est pas mieux.
 
À quelle distance le pharisien et le publicain se trouvent-ils du salut ? Probablement à la même distance.
 
Le publicain prélève l’impôt dans un système d’affermage et il y avait de l’abus, car le publicain exigeait souvent plus que la somme qu’il devait verser à l’administration romaine.
 
Le publicain est donc un abuseur officiel.
 
Le publicain de la parabole n’a pas de vertu à faire valoir ; il ne peut rien espérer de ce côté-là pour se sauver de l’engrenage dans lequel il s’est mis.
 
Le publicain de la parabole va miser sur autre chose pour se sauver. Il va miser sur la miséricorde. Désirer la miséricorde est le signe du désir de la vie, la vraie, celle qui rend juste.
 
Voilà une pierre jetée dans le jardin des publicains qui écoutent cette parabole.
 
La miséricorde, c’est comme le Christ qui entre dans la maison de Zachée, le publicain, et le libère de l’engrenage dans lequel il s’était empêtré.
 
C’est ainsi que Zachée devient Zachée, en araméen Zakkaï qui signifie « le Juste ».
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Si 35, 15b-17.20-22a ; Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23 ; 2 Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14
 
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