Ce dimanche est le jour des justes, semble-t-il. Alors c’est notre jour ! A vrai dire, le juste ne sait pas qu’il l’est, il le reçoit, de Dieu, un juge qui rend justice, clame Ben Sira. Un juge qui ne ressemble à aucun juge : il se reconnaît dans le pauvre, l’opprimé, l’orphelin, la veuve, le serviteur. Il porte sur eux son regard, et justice ainsi leur est rendue. Quand le pauvre crie, il demande justice, il demande un regard. Beaucoup n’ont pas le temps de prêter ce regard de Dieu. Nous sommes trop pris par notre boulot, nos œuvres ou autres institutions à gérer, nous les humains. Il n’est plus que Dieu pour porter ce regard.
Le publicain, de ces gens bizarres que Jésus aimait rencontrer, nous apprend qu’on ne naît pas juste, on le devient. « C’est lui qui était devenu juste, plutôt que l’autre », dit l’évangile. Il nous apprend à prier. Les 2 prient « mon Dieu ! » L’un rend grâce, c’est pas mal. L’autre supplie. Le problème du premier, c’est que son action de grâce ne touche pas Dieu, elle est centrée sur lui-même : moi au moins, je suis un mec bien, je sais prier, moi, je vais à la messe, à confesse, j’ai une vie morale, pas comme ce publicain ! Celui-ci se tourne vers qui peut jeter sur lui un regard de Pâques, un regard qui relève. Comme le Père relèvera son Bien-aimé crucifié. Il est une prière qui rejoint le pauvre des pauvres, le Serviteur des serviteurs, le Seigneur. Et une autre, non, où Dieu n’existe pas. Je reconnais que ce pharisien est présenté comme une tête-à-claque qu’on vomit, et que ce publicain m’agace, à rester la tête baissée et à battre sa coulpe ! Se laisser regarder et rejoindre par le Juste, Dieu, le Vivant et l’Auteur de la Vie, voici la conversion à vivre. Et celui que je vomis, j’ai peut-être aussi à le reconnaître en moi, qui a du mal à sortir en fait.
La prière qui fait devenir des justes ouvre la louange : « que les pauvres m’entendent et soient en fête ! », chante le psalmiste. Elle atteint le Seigneur, alors « de toutes leurs angoisses, il délivre les justes qui appellent », poursuit-il. Paul est ce pauvre qui a crié. Personne ne l’a soutenu. Lui, le Seigneur, l’a assisté. On n’enchaîne pas l’Evangile du Christ. Et Paul va au bout de sa course, dans la foi en Celui qui s’est livré pour lui. Père, sois notre justice !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
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