Dieu crée en séparant. C’est une forme de deuil, comme au jour de l’Ascension de Notre Seigneur. Elisée n’aime pas trop, il n’y est pas prêt. A vrai dire nous ne sommes pas beaucoup à aimer les séparations. Pourtant c’est ou cela peut être un acte créateur, pour une renaissance. Jésus qui part à sa Passion, Jésus emporté au ciel, c’est une séparation. Oh non ! « Je ne te quitterai pas », dit Elisée à Elie. Elie, c’est tout pour lui, c’est son horizon, sa route, sa paix, son vrai papa, sa mère.
Dieu crée en séparant. Il accueille notre cri ; nos demandes impossibles le touchent, il ne les refuse pas, elles sont comme le cri primal d’un nouveau-né. « Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ». Demande entendue, mais non exaucée. Dieu donne la grâce qui suffit. Souvent je voudrais plus. Je ne vois pas qu’avec la grâce qui suffit, il me recrée. Car il me fait confiance. Comme il a laissé le bien-aimé traverser Gethsémani : la coupe, il la boira. C’est en consentant à être séparé de ses amis, de sa propre vie, que Jésus reçoit la grâce de renaître, ressuscité, réveillé hors des morts, relevé pour consoler les siens. Elisée ne sera pas Elie, il lui faudra frapper les eaux trois fois et non une. Zut alors ! Mais une vie repart, autre, vers un pays, une vie, que le Seigneur lui indiquera. Seigneur, j’aurais voulu avoir deux fois l’esprit d’Elie, donne-moi de me réjouir de la grâce qui suffit !
Olivier de Framond, compagnon jésuite