Si chaque année nous revenons sur l’expérience de l’Avent qui prépare au mystère de Noël, c’est que nous n’avons jamais fini de naître. Naître à nous-mêmes et au ciel, le précurseur l’attend et annonce Celui qui nous y ouvre. « Préparez le chemin du Seigneur ». Jean le Baptiste reprend la voix du prophète de l’Avent, Isaïe. C’est le temps du baptême de conversion. Alors pourra venir Celui qui baptise dans l’Esprit, l’Esprit qui fait renaître.
Un fruit du baptême de conversion est ce sentiment de petitesse devant Celui qui vient. « Je ne suis pas digne de retirer ses sandales ». Jean se sent moins qu’un esclave devant Lui. Il prépare ce jour, il l’espère, avec la foule ; en même temps il ne sait plus où se mettre. L’autre jour il y avait des CM1 en confessions à côté. L’une était timide, un autre débordant, tous étaient préparés et avaient une facilité et une joie qui m’ont surpris, à dire un merci et un regret. Et ils priaient le Seigneur avec un cœur tout simple. Le chemin avait été préparé par des Jean-Baptiste : une animatrice d’aumônerie, une maman, une Sœur, un prêtre. Il n’y avait pas de pharisiens ou de sadducéens boudant un temps qui ne vient pas d’eux. Ce n’était pas des pierres, c’était des enfants de Dieu. Il n’y a pas de grosse différence entre ces tout-jeunes et nous les vieux. Pas sûr même que je trouve à dire merci aussi facilement qu’eux ! Et leurs énervements, leurs disputes, leurs regrets, pas sûr que je trouve à les confesser aussi naturellement qu’eux ! Merci, les enfants.
Des fruits de conversion naîtra le fruit de l’Esprit. On le ramassera à la pelle, grain que le Seigneur triera du reste qui sera brûlé. Le fruit de l’Esprit, on le voit en Isaïe, comme en Paul : la fraternité impossible, donné par le Dieu de la persévérance et de la consolation. Quand Celui qui vient nous donnera de naître, nous nous accueillerons comme le Christ nous a accueillis. Le Qatar et le foot joueront sans argent, les grands s’habilleront de poils de chameau. Bon, ne rêvons pas trop. Mais le fruit de l’Esprit enverra les agneaux au milieu des loups. Il les fera marcher car nos faims sauront trouver une autre pitance.
Olivier de Framond, compagnon jésuite