Est-ce à cause de la rentrée qui approche, nous sommes rappelés à pratiquer ! Fini, les vacances ! Moïse nous dit de mettre les décrets du Seigneur en pratique. Le psalmiste exhorte à se conduire parfaitement. L’apôtre Jacques insiste : « la Parole, mettez-la en pratique ». Et le Christ de l’évangile donne un coup de pied dans la fourmilière pour arrêter nos pratiques tordues. Aïe aïe aïe ! On est foutus ?
Pas encore. Respirons ; et voyons à quelle pratique nous sommes invités. D’abord, c’est une démarche communautaire, lumière pour les autres. Ainsi en elle les peuples environnants devraient contempler le don de Dieu, suggère Moïse. Elle rayonne une intelligence d’un peuple élu. Si notre Eglise est parfois décriée, le Christ n’est sans doute pas accueilli par le corps entier de l’Église. Ensuite, dit Jacques, la pratique qui plaît à Dieu est une écoute de la Parole qui ouvre nos attentions et nos espaces. La veuve et l’orphelin trouvent en nous une maison, des mains, du temps. Que vois-je, autour de moi, qui vient me bouger ? L’évangile vient en fait le redire : mettre en pratique la Parole, c’est la vivre avec le cœur. Notre façon de voir le monde, les autres, Dieu, la création, notre façon de nous voir nous-mêmes, si elle honore Dieu des lèvres et que le cœur reste loin de lui, éteint la Source. Se laver les mains avant le repas, ou même laver les verres, les carafes, les plats, c’est bon pour l’hygiène. Le hic, c’est de m’y attacher au point où le repas, l’échange, la rencontre de l’autre, perdent toute importance. Et pire, de m’y attacher en y donnant une valeur morale : c’est ça ou une conduite « impure ». On n’est plus dans le commandement de Dieu mais dans la loi des hommes qui jouent aux grands et étouffent le Seigneur ! Jésus vient remettre la fin avant les moyens. Il éprouve ce qui étouffe Dieu, son Père, la Vie. Et il ne le tait pas, il en fait part. D’abord aux foules témoins : « voyez, ce qui rend impur ne vient pas de l’extérieur mais du dedans ». Et aux disciples qui restent, il poursuit : « ce qui vient du cœur de l’homme et fausse la manière de voir et d’agir, voilà ce qui éloigne Dieu ». A nous qui sommes encore là, que viens-tu dire, Jésus ?
Lui-même vivra sa pratique chez « les pécheurs et les publicains » - on pourrait dire chez les non-pratiquants -, où Dieu, le Pauvre, trouvera une place ! Jésus, fils bien-aimé de Dieu, apprends-nous la manière de voir qui t’honore et te sert. Que nos cœurs ne soient pas loin de toi !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 14(15), 2-3a, 3bc-4abc, 4d-5 , Jc 1, 17-18.21b-22.27 ; Mc 7, 1-8. 14-15.21-23