21ème dimanche, année A – Un échange de noms et de clefs (Is 22, Ps 137, Ro 11, Mt 16)

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », dit Simon à Jésus. « Tu es Pierre », répond Jésus. Deux noms échangés et voilà l’Église fondée. Deux noms qui envoient l’un et l’autre. Cet échange va amener Jésus à annoncer sa passion. Et Pierre va se découvrir comme pierre angulaire vacillante qui fonde et fait germer l’Église, dont nous sommes. Le nom, c’est plus que la personne visible, c’est un héritage, et des clefs.

On ne passe pas des clefs à n’importe qui. Les clefs de la maison, les clefs d’une prison, les clefs d’un coffre-fort, par exemple. Quelle clef ne passerez-vous pas à la légère ? Cela dit vers quoi on est tourné… Et les clefs du royaume des cieux ? Euh … Vous le cherchez, vous, le royaume des cieux ? Le royaume des cieux, c’est quoi ? Nous avons eu plein de paraboles dessus récemment mais en ai-je retenu quelque chose ? Ce qui se passe à Césarée y revient. Le royaume des cieux est là quand je fais l’expérience intérieure forte d’être appelé(e), connu(e), aimé(e), envoyé(e), par un Ami qui me fait découvrir la Vie, un ami des pécheurs et des malades qui les ouvre à sa joie, à sa soif. C’est un trésor caché, qui se laisse découvrir, et qui fait connaître la joie et la paix. Comme au jour du mariage ou d’un premier appel. Ce qui fera bouillir le Christ, c’est de voir des détenteurs de clefs empêcher les petits d’accéder à la joie du Père en troquant la Miséricorde de Dieu contre des bonnes pratiques. Au royaume des cieux il est donné de s’émerveiller que tout est don, que Dieu est Dieu. Tout est don : mon désir et ma joie d’aimer, ma patience à consentir au réel, voir grandir les enfants ou petits-enfants, se reconnaître d’un même cœur aux JMJ de Lisbonne, tout est don de Dieu.

« Pour vous, qui suis-je ? » Tu le reposes à tes amis. Si servir Dieu, ou servir tout court, est tourné vers moi, vers mon honneur ou mon pouvoir, pour seulement tenir un rôle devant les autres et assurer ma sécurité, je n’aiderai pas l’Ami à se laisser connaître. Il n’appellera plus, sa joie sera ignorée, son pardon n’enverra plus, les clefs du royaume des cieux seront perdues. Que la terre et le ciel se réjouissent tous ensemble !

Olivier de Framond, compagnon jésuite

Is 22, 19-23 ; Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6.8bc ; Rm 11, 33-36 ; Mt 16, 13-20