« VEILLEZ » ! C’est le temps de l’Avent. Avec Isaïe et le psalmiste, nous disons à Dieu : « réveille-toi, réveille ta vaillance, reviens ». Avec l’évangile, Dieu lui-même vient nous dire : « restez éveillés ». Il s’est passé un truc entre le temps où Dieu semblait absent, dans notre exil, dans nos errances, loin de de la Promesse des beaux jours, et aujourd’hui. Dieu lui-même est venu. Aujourd’hui nos exils, nos cieux bouchés, sont plus intérieurs. L’Avent nous rappelle à l’attitude du veilleur. Ce Dieu venu, il vient encore, ne sais-je pas le voir ? Ne sais-je pas l’attendre ? L’Avent vient me réapprendre à attendre le « moment ». Quel moment ? Le jour où viendra le maître de la maison. Un jour déjà venu, il est là, je ne sais pas encore le voir. Veiller nous est donné quand nous savons qu’est déjà là le jour qui va venir. Il fera vraiment jour quand mon cœur l’accueillera et le reconnaîtra.
J’attendais que Dieu vienne. J’attendais qu’il confonde les peuples et les nations. Non, Dieu descend lui-même, il se fait l’un de nous. Recevoir ce jour, le recevoir en moi, vraiment, en tout mon être, peut prendre des années. Une pitchounette naît au monde à son premier Avent, un papy traverse son 90ème Avent, l’une comme l’autre guettent déjà et encore le jour où ils verront leur Créateur. Noël est déjà venu, mais l’ai-je vraiment reçu ? C’est ce qui me fait veiller, « tenir jusqu’au bout », comme dit Paul qui dit de ce jour attendu qu’il est celui où je serai sans reproches, en communion avec le Fils bien-aimé du Père. Sans reproches ! Je ne chercherai plus à me protéger des regards, des critiques, des oppressions hostiles réelles ou imaginaires du monde qui font mon Exil.
Isaïe gémit car son peuple a lâché son Créateur, et c’est la débandade. Pourtant il veille encore. Les disciples, plus tard, lâcheront leur Seigneur, ce sera la débandade. Il leur sera donné de veiller encore. Merci, les amis de notre berger, d’avoir veillé. Votre maître de maison est parti, vous l’avez attendu. Il vient à l’improviste, à minuit ou au chant du coq. A l’heure où le coq chante, j’ai du mal à ne pas roupiller. Et pourtant c’est bizarrement une nuit qu’un coq a chanté et Pierre, tu as laissé le regard du maître t’atteindre jusqu’à pleurer. Veiller, c’est peut-être, dès le réveil, laisser ton regard aimant descendre en son enfant aimé.
Père Olivier de Framond
