Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Tenez-vous prêts - 19e dimanche ordinaire, année C

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 7 Août 2022, 17:21pm

Catégories : #Homélies

Au cœur de la liturgie de la parole de ce dimanche, une attitude se révèle comme désirable pour notre vie en plénitude, celle de l’attente : savoir être en attente aujourd’hui, selon les vues de Dieu.

La prière d’ouverture nous préparait déjà le cœur « Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous pouvons déjà appeler notre Père, fais grandir en nos cœurs l'esprit filial, afin que nous soyons capables d'entrer un jour dans l'héritage qui nous est promis ». Une prière toute en attente de notre devenir véritable : être pleinement enfants de Dieu et frères des autres hommes.

Le peuple de l’ancienne alliance était déjà travaillé, façonné par cette attente qui ouvrait à l’espérance. Le livre de la Sagesse nous le dit : « Nos Pères  assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, étaient dans la joie de cette attente ». « Abraham quant à lui attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte » nous rappelle la lettre aux Hébreux. Et le Christ, en son évangile, nous appelle à la vertu de l’attente : « là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître ».

Pourquoi donc cette insistance sur l’attente ? Parce qu’il est bon de nous rappeler fréquemment qu’il n’y a pas d’amour véritable, sans attente. L’attente, elle est intimement liée à l’amour et elle s’ordonne à la croissance de celui-ci. Celui qui aime ne cesse de dire à celui qu’il aime : « je t’attends et tu me manques ». Dans l’attente, nous nous ouvrons mystérieusement à l’autre, nous nous donnons à l’autre, nous nous livrons à la présence de l’autre qui peut ainsi faire son chemin en nous, en tout notre être et, par-là, devenir lui-même dans la relation avec nous. C’est l’expérience que vit la femme qui attend son bébé dans ses entrailles et perçoit peu à peu sa croissance. C’est l’expérience que vit le vieillard inactif qui attend la visite de son fils et se remémore le temps jadis et découvre, par-là, le sens de ce qui a été vécu. C’est l’expérience que vit l’homme qui plante un arbre et qui, en attendant durant des années de pouvoir en cueillir le fruit, en assure méticuleusement l’entretien.

Notre société, dans sa volonté de maitriser son devenir, trop souvent se coupe de toute attente et du fruit de vie sociale qui peut en advenir, en réduisant le futur à ce qu’elle en prévoit. De cette façon, tout advient sans amour parce que sans attente. Les crises actuelles qui nous assaillent : climatique, politique, sanitaire, en accusant notre incapacité à répondre par nous-mêmes nous conduisent à retrouver le sens de l’attente et, par-là, elles nous donnent de nous rouvrir à la vraie vie, à la capacité d’aimer. Nous découvrons concrètement que nous avons radicalement à attendre la vie de l’autre, à l’espérer, à nous y ouvrir.

Mais, cette attente n’est pas simple inertie, ouverture béante. Elle est contribution active au devenir de l’autre, au bébé qui grandit, au fils qui retourne à sa source, à l’arbre qui se développe. Tout cela advient parce que je veille sur mon équilibre de vie pour mon bébé, parce que je me rappelle l’histoire passée pour mon fils, parce que j’observe et veille à la santé de mon verger pour l’arbre, dernier planté.

Merci à l'auteur de cette photo

Les lieux d’application où la vertu de l’attente peut venir faire son nid et nous féconder sont bien multiples, en toutes les facettes de nos vies aussi bien personnelles que sociales. Je vous propose celle-ci pour l’assemblée que nous formons. Que de vivre entre nous l’attente du retour du Seigneur puisse inciter le peuple chrétien à vivre plus pleinement le mystère de la liturgie qui le constitue, en sachant la vivre d’abord comme attente ouverte à Celui qui vient. « Viens Seigneur Jésus, Maranatha » clôt nos écritures sur cette attente… Le Pape François nous encourage en cette attitude dans sa Lettre apostolique «J’ai désiré d’un grand désir».

Pour laisser travailler cette demande en notre cœur, nous pouvons murmurer la stance du tropaire de la solennité du Christ Roi de l’Univers qui clôt l’année liturgique depuis le Concile Vatican II, sur cette note d’espérance et d’attente, attente de l’homme, attente de Dieu : « Amour qui nous attends au terme de l’histoire, ton Royaume s’ébauche à l’ombre de la croix ; déjà sa lumière traverse nos vies. Jésus, Seigneur, hâte le temps ! Reviens, achève ton œuvre ! »

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

Sg 18, 6-9 ; Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22 ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48

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