L’événement Marthe et Marie vient juste après celui du « Samaritain » entendu dimanche dernier. On a la suite de « mais qui est mon prochain ? ». Jésus l’avait suggéré : le prochain, c’est « un homme », toute personne en fait dont je me fais proche, quelqu’un qui passe, Jésus en fait, Dieu, le pauvre ! C’est ce que nous avons là. Nous voyons ici 2 manières d’agir et d’être, celle de Marthe, active, au four et au moulin, celle de Marie, contemplative, qui écoute celui qui passe. La parabole du Samaritain était allé plus loin : le prochain est est celui que j’accueille avec des tripes de mère, comme si c’était mon enfant qui va naître ou qui peine et attend de renaître. « Il fut pris de pitié », « aux entrailles ». Comme Dieu, un Père au cœur de mère.
Ce prochain, Jésus, le voilà chez Marthe et Marie. Elles l’accueillent chacune à sa manière. Est-ce avec leurs tripes, en reconnaissant en lui l’entant qui les tire en avant ? L’évangile ne dit pas : « c’est la manière contemplative qui est la meilleure », pas la manière active. Abraham au chêne de Mambré est plutôt actif. Mais il n’a pas la jalousie de Marthe, à penser que « celle-là, elle fout rien ! » De telles pensées peuvent arriver plus souvent qu’on ne le voit ! Cela peut dire, en le niant, que me poser, écouter le prochain, je ne sais pas faire ! Une personne suractive, ou l’inverse, oisive, a un cœur loin du prochain.
Abraham accueille dans ce visiteur en trois personnes un ouvreur d’horizon qui le fait entrer dans l’espérance d’une Promesse : « ta femme enfantera un fils ». « Dans l’espérance de la gloire », dit St Paul. Le prochain, si je l’accueille, un roué de coups, un étranger, un pauvre, un sans abri, un assoiffé qui peine sous la chaleur, ou tout autre passant, me fait entrer dans un élan nouveau. C’est le fruit de qui écoute la Parole du pèlerin, comme Marie en fait l’expérience et le choisit. Plutôt que la meilleure part, elle a choisi de se laisser ouvrir à l’espérance, en écoutant celui qui passe. La gloire du Christ, qu’est-ce, sinon une présence, donnée, qui fait naître l’accueillant à la vie, une joie de servir. Seigneur, toi l’étranger de Pâques qui passe nous visiter, trouve en nous une terre pour t’accueillir.
Olivier de Framond, compagnon jésuite