Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


33e dimanche ordinaire, C - 17 novembre 2019 : C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie.

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 16 Novembre 2019, 17:40pm

Catégories : #homelie_cazalis

Ce n’est pas la première fois que l’on parle de « jour » dans la bible ; c’est d’ailleurs un thème récurent qui scande la vie du peuple de Dieu.
 
Quand le messie fait irruption dans l’histoire, le peuple d’Israël a déjà fait l’expérience de plusieurs « jours ».
 
Sans être exhaustif, on peut penser au passage de la mer rouge comme un jour particulier et le don de la Loi également.
 
Mais, il y a des « jours » plus sombres, tels que l’événement qui provoqua la déportation et l’exil.
 
Le prophète Malachie rappelle l’un de ces moments de l’histoire du peuple, il rappelle des éléments déjà présents chez le prophète Amos, à savoir, le fait qu’Israël se trompe d’assurance.
 
 
Amos fait partie des douze petits prophètes, c.-à-d. qu’il n’est pas de la lignée de ceux qui exercent la fonction de prophète comme métier.
 
Il se présente lui-même en ces termes au milieu du XVIIIe siècle avant notre ère :
 
« Je n'étais pas prophète ni fils de prophète ; j'étais bouvier, et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m'a saisi quand j'étais derrière le troupeau, et c'est lui qui m'a dit : 'Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.' (Amos 7,14-15)
 
Au temps d’Amos, le peuple manifeste une claire distance à l’égard de Dieu au cœur de circonstances qui devraient pourtant augmenter sa foi comme la sécurité et la prospérité du moment. En général, c’est à ce moment-là que nous éprouvons le plus clairement que Dieu est avec nous ! À moins que ces périodes de bien-être ne nous fassent oublier Dieu puisque tout va bien pour nous…
 
Cette distance se manifeste par l’injustice qui engendre des structures de péché, la dissociation du culte et de la justice sociale, ce qui se traduit par des aumônes faites au temple, et en même temps, l’idolâtrie et l’exploitation des pauvres par les puissants.
 
L’attitude d’Amos dénonçant cette situation est bien sûr prophétique, car elle dépasse son cadre géographique et historique. La vie avec Dieu et la justice sociale sont l’inspiration et l’expiration de l’homme de Dieu. Si l’un des deux éléments du cycle vient à manquer, alors le croyant dysfonctionne.
 
Trois siècles plus tard (Vème siècle avant notre ère), le peuple juif est revenu de l’Exil à Babylone (- 535) ; le Temple a été reconstruit depuis quelques décennies déjà. Mais l’espérance et la ferveur s’amenuisent peu à peu. La situation religieuse et la situation morale se dégradent.
 
Le culte est négligé : à l'occasion des offrandes, on « trompe » Dieu sur la qualité de l’offrande, comme si l’on pouvait tromper Dieu…
 
Les prêtres ne sont plus à la hauteur de leur mission. La loi est négligée. Le cœur d’Israël dysfonctionne à nouveau.
 
Malachie, - le dernier des douze petits prophètes, du moins dans la Bible hébraïque, - se lève pour appeler le peuple à se rappeler l’amour et la fidélité de Dieu, mais aussi la proximité de son jugement et de sa venue. Il leur annonce l'envoi par Dieu de son messager et d'un prophète comme Élie.
 
Dans l’évangile de Luc, celui que les petits et les grands prophètes ont annoncé est là.
 
Quelque chose a donc changé dans l’histoire. En d’autres termes, la parole des prophètes s’est accomplie. Une nouvelle ère commence.
 
Jésus est le « jour » qui inaugure cette nouvelle ère et le tournant de l’histoire.
 
Profitant des paroles d’admiration des disciples sur le Temple, il leur dit des choses qui sont sans doute trop graves pour être entendues.
 
Les belles tailles du Temple, son or et ses ex-voto, tout cela est précieux en termes d’architecture et de trésors, mais l’histoire est en train de tourner et tout cela passe au second plan et n’a plus qu’une valeur historique et archéologique.
 
L’avènement du Christ dans l’histoire a des conséquences cosmiques.
 
À partir de la Pentecôte, le Temple aura accompli son rôle. D’ailleurs, celui-ci sera détruit. Et même s’il n’avait pas été détruit, cela n’aurait rien changé au fait qu’il soit arrivé au bout de sa mission, et se serait sans doute transformé en une grande synagogue.
 
Accepter le Christ comme messie a des conséquences sur son propre future et sur le futur des événements du monde.
 
Il ne faut donc pas se tromper de messie, car l’attente de celui qui est déjà venu, laisse la place à l’émergence de nouveaux messies de toute part et à la tentation de les suivre. L’attente de celui qui est déjà venu a aussi pour effet la coagulation lente et inexorable de la conviction de mettre fin à cette attente stérile et de retourner à ses affaires.
 
Le « jour » est souvent associé au « jugement ». Or, il n’est pas question de châtiment, mais de choix qui fait prendre à l’histoire un chemin ou un autre, par le simple fait de s’ouvrir au Christ ou pas, du moins pour ceux et celles auprès de qui le Royaume de Dieu s’est fait proche.
 
Le choix concerne l’individu comme la collectivité.
 
Au niveau individuel, au moins, le disciple est appelé à la persévérance, car son choix d’opter pour le Royaume aura des conséquences négatives pour lui et se traduira par les persécutions et même le martyr.
 
Ce que Jésus annonce s’accomplit. Le Temple et ses disciples peuvent en témoigner.
 
 Roland Cazalis, compagnon jésuite
Ml 3, 19-20a ; Ps 97 (98), 5-6, 7-8, 9 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
 
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