A quels « sourds » et « aveugles » s’adresse le prophète ? Ce sont toutes personnes qu’un exil peut désoler. Ils n’entendent plus la Parole qui les consolait dans la terre où ruisselaient le lait et le miel. Ils ne voient plus leur Maison, Jérusalem, qui faisait leur joie, leur vie, sociale, humaine, fraternelle. Leur berger, Dieu, n’est plus là. Il ne semble plus là, disons plutôt. Il n’y a plus que des tyrans pour les conduire. Peut-être ont-ils été portés là au pouvoir par quelque motion de censure ? …
Plusieurs siècles après, des sourds sont encore là, des aveugles aussi. Que n’entendent-ils pas, que ne voient-ils pas ? Il y en a deux qui, même aveugles, trouvent à suivre Jésus. Donc je peux suivre l’un ou l’autre et être aveugle. C’est quand je sais que je ne sais pas accueillir l’Essentiel et être tourné vers lui. Et j’ai pu reconnaître qu’un autre, Jésus, l’Envoyé du ciel, lui, pouvait y conduire. Voir, ce serait alors, même Jésus absent ou loin, contempler l’Essentiel, vivre, et suivre « le chemin »… « Que tout se passe pour vous selon votre foi » ! Entendre, voir, c’est d’abord croire. Croire en l’Esprit du Christ, au milieu du monde. La suite surprend : « que personne ne le sache » ! Pourquoi se taire ? Je ne suis pas sûr mais c’est peut-être justement pour que notre moteur reste la foi, notre foi en Celui qui est chemin, ouvreur. S’il devient la quête d’un gourou ou d’une « personne-miracle » que Jésus serait, tout se voile, et l’aveuglement devient contagieux, je le propage. Dieu n’est plus, a vie non plus. Jésus, que je croie ! … Et bonne St Nicolas à tous !
Olivier de Framond, compagon jésuite
Is 29, 17-24 ; Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14 ; Mt 9, 27-31