Le Christ est venu pour les malades et les pécheurs. Voir la gloire de Dieu c’est aussi voir, porter un regard qui se laisse saisir, sur les malades, les pécheurs. Bartimée voit qu’il ne voit pas. La foule et les disciples qui accompagnent Jésus ont oublié qu’il leur a été donné de voir. Le mendiant qui crie, il est pour eux un gêneur, « encore celui-là qui mendie et qui braille » ! Pour Jésus, il devient un vivant qui appelle à naître. « Prends pitié de moi », c’est un appel à naître. Il se laisse regarder comme quelqu’un qui prend une mère aux entrailles – c’est cela, prendre pitié, en fait –. Comme un petit qui cherche à sortir au jour. A voir le jour. Les entrailles de Jésus sont saisies : il s’arrête. Et la foule, qui voit Jésus et ignore le mendiant, va trouver Bartimée et se laisser faire : « confiance, lève-toi, il t’appelle ». Premier miracle.
Le mendiant jette son manteau, bondit et court, alors qu’il ne voit rien. Deuxième miracle. Mais Jésus écoute la foi de qui désire naître et renaître. Il invite à ouvrir à Dieu et aux hommes notre vrai Désir : « que veux - tu que je fasse pour toi ? » Dieu ne peut rien faire sans notre engagement entier, sans notre consentement, il ne sait se donner que dans une relation d’alliance. « Rabbouni, que je voie » ! Voilà le désir de l’homme, 3ème miracle, le désir qui se cachait sous la mendicité. Et Jésus peut dire alors : « va, ta foi t’a sauvé », et il naît. Une vie nouvelle s’initie : il voit, et il suit Jésus, il devient un disciple. Rabbouni, que je voie la gloire de Dieu, que je voie avec tes entrailles les infirmes que tu appelles à renaître. « Le Seigneur a scruté les abîmes et les cœurs, ce que j’ai vu, je vais le raconter », dit le Siracide. Seigneur, prends pitié de nous, que nous contemplions ta gloire !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Si 42, 15-25 ; Ps 32 (33), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9 ; Mc 10, 46b-52