Horaires des messes - Roland Cazalis, compagnon jésuite
Nous chrétiens, nous avons posé un acte de foi en identifiant le Christ à celui qu’annonce Isaïe et qu’il nomme des noms élogieux tels que « conseiller-merveilleux », « Dieu-fort », « Père-à-jamais » et « Prince-de-la-paix »
Isaïe est comme un soldat en campagne qui avance dans un terrain à découvert. Il doit regarder où il met les pieds, tout en ayant le regard porté à 100 mètres pour scruter l’horizon.
Isaïe est ancré dans le présent tout en regardant le futur.
Pour Isaïe, le présent c’est la menace assyrienne qui oblige le roi de Juda, Achaz, d’appeler le roi de Damas à faire alliance pour contenir la menace assyrienne. Du point de vue historique, cette coalition n’a pas été suffisante.
Face à la défaite, Isaïe annonce une espérance à son peuple qui marche dans les ténèbres, car c’est le cas.
Marcher dans les ténèbres est la situation des peuples qui sont chaque jour bombardés sans pouvoir se défendre, vivre dans l’angoisse, etc.
La promesse d’Isaïe est le regard à 100 mètres scrutant l’horizon.
Isaïe est sous la mouvance de l’Esprit, voilà pourquoi il peut voir très loin dans le futur, voir en avant de lui et de son temps.
Luc prend au rebond la parole d’Isaïe. Il situe l’événement en se faisant historien, lui qui est médecin à la base.
Luc nous dit que c’est une décision politique qui met tout en branle ; une décision politique, ordonnée par un païen, l’empereur romain Auguste.
L'ordre est donné de recenser tous les sujets de l’empire, ordre que chaque gouverneur doit transmettre à sa province et qui va permettre l’accomplissement des Écritures.
Les politiques aussi peuvent être sous la mouvance de l’Esprit.
Il est impératif que les Écritures s’accomplissent à la lettre. On ne badine pas avec les invariants de l’histoire, car celui qui est annoncé depuis des siècles doit venir de Bethléem.
Recensement oblige, Joseph doit se rendre physiquement à Bethléem, la ville de David, la ville où David a été consacré roi, Joseph étant lui-même de la descendance de David. Marie est enceinte et presque à terme. Voilà pour le décor.
Il se trouve que la salle d’hôte, le relais ou l’hôtellerie où les pèlerins passent la nuit est plein.
La famille doit activer un plan B et se rabattre dans les environs, pas seulement pour passer la nuit à la belle étoile, mais surtout pour que Marie puisse accoucher dans les meilleures conditions possibles.
Si vous avez l’expérience de pèlerinage sur le camino de santiago, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, vous savez sans doute qu’il y a des auberges de pèlerins où l’on peut passer la nuit, bien entendu sans réserver.
Si vous arrivez tard dans un petit village, il se peut qu’il n’y ait plus de place à l’auberge. Dans ce cas, vous devez activer un plan B et vous trouver un coin tranquille pour passer la nuit à la belle étoile.
Cela peut être une ferme si le propriétaire vous autorise à dormir sur la paille à côté des vaches. Vous aurez ainsi la terre comme lit et le ciel étoilé comme couverture.
Voilà ce qui est arrivé à Marie et Joseph. Tout s’est bien passé lors de l’accouchement. Il y avait même une mangeoire pour y déposer le nouveau-né.
Si vous avez eu l’obligation ou le choix de passer la nuit à la belle étoile, faute de place, comme sur le chemin de saint Jacques de Compostelle, alors vous avez expérimenté plus ou moins ce qu’ont vécu Marie et Joseph.
Ou si cela vous arrive, alors en cette occasion, n’oubliez pas le récit de la venue du Messie au monde et n’oubliez pas de bénir la nuit passée à la belle étoile, surtout au cœur de l’été, car vous serez en communion avec les conditions de la naissance du Christ.
Une mangeoire est le lieu où l’on dispose du foin pour les animaux de l’étable. Décidément, le destin de cet enfant était tracé.
Les bergers lui rendent hommage. Les bergers ne bénéficient pas d’une image idyllique comme aujourd’hui. À cette époque, ce sont des gens qui, par leur condition de vie, n'observent pas la Loi. L’image du berger n’est donc pas univoque.
Ces gens sont invités à voir un signe, un nouveau-né couché dans une mangeoire. C’est effectivement ce qu’ils voient. Ils s’en réjouissent, une réaction que toute naissance doit normalement provoquer.
En écho à cette scène, nous avons celle de la résurrection, quand des gens lumineux disent que le corps n’est pas ici, car il est ressuscité.
Au contraire, lors de la Nativité, les gens lumineux disent, il est ici, couché dans une mangeoire.
Si l’on utilise un travelling, comme au cinéma, alors on dirait que le regard des bergers s’accomplit dans celui des pèlerins d’Emmaüs qui, ouvrant les yeux, réalisent enfin de qui il s’agit.
Voilà un message de Noël : éveiller nos sens au mystère de Dieu, qui passe par des chemins qui nous sont familiers.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :