La sortie de l’esclavage est-elle vraiment faite ? Elle semble amener à une misère pénible, où le pauvre Moïse se retrouve entre l’enclume et le marteau. Le Seigneur l’a en effet appelé à oser la sortie d’Egypte pour ce peuple qui lui est confié et qui endure maintenant une situation nouvelle lourde et sans goût. Adieu viandes, concombres, melons, poireaux, oignons, ail, et autres desserts peut-être de la SODEXHO !
Moïse, dégoûté, ne sait plus où se mettre, au point de préférer mourir. On peut le comprendre. Et voilà que le Seigneur s’enflamme de colère ! Mais qui est-il, ce sans cœur, ce Dieu qui me sort pour me donner une vie pas drôle du tout ? Dialogue de sourds entre Dieu qui ne se sent pas écouté et un peuple qui se voit ignoré de Dieu …
En fait, sortie de l’esclavage, oui. Mais peut-être reste-t-il à sortir d’un autre esclavage, plus subtil, que Jésus pointe. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». La sortie de l’esclavage est peut-être de consentir au réel, de sortir d’un Dieu tout-puissant magique, qui fait la pluie et le beau temps, qui baisse les impôts et gonfle les porte-monnaie … Et si je me trompais sur Dieu ? Je vois un Dieu qui m’éprouve, me mène la vie dure … Et si c’était qu’en fait il croit en moi, en nous, avec ces quelques pains et poissons d’un enfant qui est là à côté ? …
Jésus va l’éprouver, l’esclavage dans lequel nous nous mettons, celui qui attend de lui des « signes », au lieu de seulement accueillir la foi qui est en moi, en nous, et qu’il vient libérer, qui regarde, accueille, prend et reçoit, bénit, ces 5 pains et 2 poissons … Le don du ciel ? Ce n’est pas tant la manne, les viandes et autres délices, mais un mouvement de foi et de bénédiction qu’il initie, non seulement chez Moïse, mais chez les disciples, chacune, chacun d’entre nous … Sera-t-il notre Dieu, et nous, serons-nous son Peuple ?
Père Olivier de Framond