Replanter : Lien d’information de la paroisse Saint-Paul, Numéro 9 : décembre 2021
La Nativité, c’est la joie au ciel et sur la terre ! Dieu fait partager sa joie, d’où la troupe céleste qui invite des bergers à partager cette joie et cet événement.
La Nativité a cela de spécial. Il y a un contentement dans les cœurs, en dépit des circonstances du moment. Ce contentement n’est pas dû seulement à la perspective de la fête de famille, pas seulement à cause des luminaires des rues et des vitrines, pas seulement à cause du sapin et son décor à la maison, pas seulement à cause du plaisir d’offrir, pas seulement à cause des jours de congé festif.
Cette joie consolante vient de plus loin. C’est Dieu qui se dépouille lui-même pour devenir humain.
Cet événement était annoncé, mais l’on se demandait si c’était vrai ou si cette annonce n’était qu’une voix de plus parmi toutes celles qui clament dans le lointain puis se dissolvent dans le bruit de fond résiduel de l’histoire.
Même ceux qui y ont prêté attention et foi ne savaient pas comment cela allait se faire.
Ce fut une surprise, comme l’est une rencontre.
Et cet événement produit de la joie, un contentement des entrailles, même chez ceux qui n’ont rien à carrer de Dieu. La bienveillance est un signe de la justice de Dieu.
Si cette manière de faire est juste, alors elle devient un symbole, voire un traité de l’art de vivre ou d’exister.
Lors de la rencontre, chacun est ramené à ce qu’il est, juste un être humain, qu’il soit issu de la maison populaire ou de la maison royale.
Chacun doit être disposé à se dépouiller de sa grandeur ou de sa petitesse ; cet autodépouillement permet à la vie de passer à travers eux ; il permet à la vie de passer, de se frayer un chemin, d’ouvrir un chemin pour eux.
Cette réalité montre que notre soi profond est fondamentalement relationnel.
La couche sociale, grande ou petite, fait partie du jeu de l’humain devant les autres et devant Dieu, et même du jeu de l’humain en lui-même pour reprendre les termes de Patrice de La Tour du Pin.
Avec ces repères, nous pouvons tirer profit de l’action de Dieu et de sa venue parmi nous.
Pourquoi donc ? Le mode fondamental de l’existence de Dieu, tout comme celui de l’existence humaine, est celui de la relation.
Donc, de même que Dieu s’est abaissé vers l’humain, ce dernier, en se dépouillant de ce qui lui tient lieu de jeu devant les autres, se rend apte à entrer en relation avec Dieu, et par là à s’agrandir.
Néanmoins, il ne s’agit pas de faire effort pour atteindre, par ses propres forces, un Dieu inaccessible, isolé dans sa transcendance absolue.
Il s’agit plutôt de risquer, de miser les profondeurs de soi, sachant que le soi véritable est avant tout relationnel, d’où cette forme d’autodépouillement pour y accéder. La même dynamique est à l’œuvre dans la relation de l’humain au monde, aux choses, au « tu », à Dieu, mais relation sur lesquelles l’humain n’a pas prise absolue.
Dieu se fait présent dans ce monde historique, car c’est ici que cela se passe. Puisque nous sommes des réalités historiques, alors nous pouvons devenir des réalités religieuses.
Dieu est une réalité religieuse, voilà pourquoi il peut se faire réalité historique.
Évidemment, ce genre de transmutation ne peut se comprendre que sur le plan de l’existence, pas sur le plan rationnel. En effet, il faut un niveau plus englobant que le plan rationnel, un niveau plus englobant que la logique scientifique ou la réflexion philosophique pour entendre et entrer dans la dynamique de cette relation qui est en même temps le salut.
Seul le niveau de l’existence a l’amplitude suffisante pour entendre de quoi il s’agit et d’amener le sujet humain à entrer dans la dynamique de la relation avec sa part d’autodépouillement, mais qui va le transformer.
En effet, l’amour de Dieu, l’agapé, transforme l’humain qui, devant Dieu qui s’est nié pour venir vers lui, sera amené à rejeter progressivement le mal.
L’agapé permet à l’humain égaré de revenir en son lieu propre, c.-à-d. au fond de lui-même.
Le fond de lui-même est là où se trouve un appel de Dieu.
Saint Augustin a atteint ce fond relationnel et exprime l’appel au début de ses Confessions en ces termes:
« Vous nous avez créé pour vous [et] notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous ».
Chaque humain répond à cet appel à travers sa propre décision.
La décision fait passer de l’inquiétude à la joie, à la joie de la Nativité.
La joie de Marie déborde de son cœur et parvient jusqu’à nous.
La joie que Dieu éprouve envahit la terre entière à chaque Nativité, en dépit des circonstances.
Heureux êtes-vous, si cette joie s’est mêlée à la vôtre.