Mt 25, 1-13 Edith Stein sa vie éclaire la parabole des dix jeunes filles

Mt 25, 1-13 : En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.” Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.” Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.

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Comme l’Eglise a retenu cet évangile pour la fête d’Edith Stein nous pouvons nous dire que la vie d’Edith Stein peut nous éclairer sur l’obtention de l’huile de nos vies. Car comme Edith est entrée avec l’Epoux, puisqu’elle est déclarée, par l’Eglise, sainte, martyre et même docteur et même patronne de l’Europe, elle a bien dû avoir de l’huile, de l’huile en abondance. En effet, si la question est pour tous, la réponse ne peut être que personnelle, dans la considération de chacune de sa propre vie. La vie d’Edith Stein n’est donc pas à imiter mais elle peut être source d’inspiration pour chacun de nous.

Alors des raisons du choix de cet évangile ? parce que Edith était vierge car carmélite, ou bien parce qu’elle a été prête au moment de son arrestation Les dernières paroles d'Édith Stein que l'on entendit à Echt s'adressèrent à sa sœur Rosa : "Viens, nous partons pour notre peuple" en manifestant sa large conscience de ce qui leur arrivait ou bien encore parce qu’elle manifestera aussi très tôt la pleine conscience de la situation de l’Allemagne avec le nazisme au pouvoir en écrivant au Pape Pie XI dès le 12 avril 1933 pour l’encourager à réagir plus vivement aux dérives nazies ou bien encore parce qu’elle a une grande capacité à sentir l’époque et les enjeux qui s’y présentent en sachant notamment promouvoir très tôt le chemin de la femme pour répondre à la barbarie nazie.

Certes pour toutes ces réalisations mais encore plus parce qu’en elle Edith il y avait une attitude de veille qui s’est manifestée dès son plus jeune âge, en mettant, à partir de là, en cohérence sa manière d’être par rapport à ce qui se révélait à elle. D’où son abandon à l’adolescence de la pratique juive, d’où sa manière de vivre la guerre comme infirmière avec la forte influence sur elle de la mort d’amis et de la manière dont d’autres ont vécu chrétiennement le deuil de l’être aimé, d’où le choix de ses études philosophiques avec la phénoménologie d’Husserl naissante et le choc de voir une femme simple venir prier Dieu dans une église dans le tourbillon de sa vie sociale, tout cela qui peu à peu l’ont conduit à confesser la foi chrétienne, puis, malgré les pressions maternelles, à entrer au Carmel. Ainsi elle recueillait son huile en recevant ce qui lui était donné par le Seigneur dans son existence puis en œuvrant à partir de là pour porter un fruit.

Savoir vivre à l’extérieur mais aussi encore plus fondamentalement à l’intérieur de soi. L’occasion pour nous de rendre grâce au Seigneur pour ce temps aujourd’hui donné de vivre dans le retrait à la Chaudraie, temps offert pour recevoir plus profondément ce qui nous a été donné, le recevoir pour le rendre au Seigneur en action de grâce et lui donner de produire le fruit de gratitude qui honore le Seigneur.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite