Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 26, 14-25 Quelles sont mes questions ?

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 5 Avril 2023, 10:54am

Catégories : #Carême, #Evangile_réflexion, #Semaine Sainte & Triduum Pascal

Mt 26, 14-25 : En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

Merci à l'auteur de cette image
Par ce passage de l’évangile, nous sommes mis, chacun de nous, devant deux attitudes : celle de Judas et celle des autres disciples à travers les questions qu’ils posent chacun. Ultime étape de notre longue préparation, commencée le mercredi des cendres pour vivre les jours saints où, avec l’aide de la fraternité du corps ecclésial, de la liturgie communautaire, nous allons nous efforcer d’être avec le Christ en sa situation.
 
« Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » (Mt 26, 15) et « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » (Mt 26, 17). Que dire de ces deux questions, ce qu’elles laissent transparaitre comme attitudes, vers où nous mènent-elles ? Quel appel alors pour chacun de nous sur son chemin de conversion ? Laissons retentir les deux phrases et percevoir ce qu’elles portent.
 
« Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » (Mt 26, 15),  une question fermée qui induit la réponse dans un cadre prévu et qui n’inclut rien d’autre que cet échange, aucune histoire commune n’est à poursuivre. De par l’échange contraint du donnant donnant, sont induits un rapport de force au début en posant les conditions : 30 ou pourquoi pas 60 pièces d’argent c’est tout, ainsi que la non-relation ultérieure. Judas lorsqu’il voudra revenir sur les termes de l’échange, rendre l’argent, sera d’ailleurs précipité dans la mort, ne pouvant se raccrocher à aucune vraie relation vécue.
 
« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » (Mt 26, 17), là c’est une question ouverte qui va laisser surgir de la nouveauté entre ceux qui posent la question, le locuteur et d’autres qui peuvent surgir. Un monde cherche, par-là, à se construire. « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui … » (Mt 26, 18). Dans cet espace relationnel en évolution, la fragilité des êtres pourra se reconnaître. À la déclaration « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » (Mt 26, 21), une réponse peut être formulée : « serait-ce moi Seigneur » (Mt 26, 22), oui je puis te trahir mais tu me donnes de pouvoir te le partager. Un avenir reste ouvert au-delà de l’abandon…
 
Alors, pour nous, comment aborder ces jours saints ? Certes pas en étant parfait, officiant selon une manière arrêtée mais en cheminant, en tâtonnant, en dialoguant, ce qui veut dire s’exprimer et écouter, sinon rien ne pourra advenir. Plus largement, je puis me demander la manière, dont, au quotidien, je négocie mes relations avec les autres… suis-je ouvert à la vie et son incessant tricotage, bourgeonnement ou est-ce que je m’enferme dans une apparente maitrise qui en fait me conduit à la mort… amen !

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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