Je reconnais que si je n’avais pas été appelé par ce Jésus, ses paroles me seraient sans doute passées au-dessus les oreilles. « Qui garde mes paroles ne verra pas la mort », passe encore, même si je ne sais pas ce qu’il veut dire. Mais « avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS », là je me dis « hou-la, il se prend pour Dieu ? ». Le Messie doit venir, mais personne ne l’a jamais vu et sans doute n’y est pas prêt, et ce serait lui ? Des disciples l’ont connu de près et eux l’ont reconnu, un Verbe qui s’est fait chair, un semblable, qui a croisé leurs vies, leurs pas, leurs quêtes. Et d’autres qui l’ont ignoré. Soit ils n’ont pas accroché, soit ils ont décidé de l’ignorer car il dérange trop. Il me semble que c’est à ceux-là qu’il s’adresse.
Abraham a entendu l’appel à « observer son alliance ». En s’adressant à lui, Dieu inclut toute sa descendance. Car il va devenir « le père d’une multitude ». « Père », c’est plus que père biologique même si cela va passer par là. C’est devenir père des croyants, père de qui se laisseront saisir par l’appel de « JE SUIS » à un peuple, pour devenir, avec lui, chacune, chacun, et tous, ce qu’ils sont en vérité, une ressemblance de Dieu, des vivants. Qu’est-ce qu’un vivant ? Jésus vient le rappeler à ceux qui le refusent : un « vivant » « garde ma parole », l’écoute et la vit, parole de « JE SUIS », parole reçue du seul Père, son Père. Je n’ai plus que ceci, soit à lui jeter des pierres, soit à entrer dans une re-création, même si elle me dépasse.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Gn 17, 3-9 ; Ps 104 (105), 4-5, 6-7, 8-9 ; Jn 8, 51-59