Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 21, 1-11 Applaudir, notre plus fragile mais plus solide geste barrière

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 6 Avril 2020, 20:52pm

Catégories : #Homélies

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers.
Alors Jésus envoya deux disciples  en leur disant : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle.
Détachez-les et amenez-les moi.  Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez :
‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir. » Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. Les disciples partirent
et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.  Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Comme Jésus entrait à Jérusalem,
toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient :
« C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
    – Acclamons la Parole de Dieu.
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En ce temps de pandémie, la parole de Dieu ainsi que la manière dont notre Seigneur vit sa vie, sa passion peut se révéler riches d’enseignements pour nous et notre société. Le Pape François a pu guider notre temps de prière mondial  pour la fin de la pandémie le vendredi 27 mars à partir de la scène de Jésus avec ses apôtres sur la barque dans la tempête. La manière dont se lance la grande manifestation messianique du Christ avec les Rameaux peut nous aider à envisager comment nous pouvons œuvrer pour que la sortie du confinement nous donne de ne pas recommencer la vie d’hier. Nous percevons la nécessité pour notre  planète et tous ses habitants du changement radical de notre style de vie. Nous le sentons bien, la machine économique roulant à toute allure n’est surtout pas à reprendre tel quel. Ce virus nous apparaît alors plus comme un signal, une opportunité même qu’une menace. Mais ce changement se perdra, nous le pressentons aussi, si nous ne sortons pas du confinement avec quelques idées claires pour interrompre valablement le fonctionnement d’hier et « entrer dans le monde d’après »...

Mais alors comment faire pour trouver un consensus social global ? Ne pas sombrer dans l’opposition de tous contre tous et dans la violence qui en découlera ? Que faut-il faire ? Prendre d’autres manières de voir, de comprendre déjà présentées, défendues, débattues ? Mais là, le risque n’est-il pas de continuer à tourner en rond... Alors faut-il laisser la nouveauté de l’événement façonner le futur comme nous y invite la proposition pleine de sens de Bruno Latour ? Mais alors comment faisons-nous ? Comment se situer par rapport aux différentes initiatives qui émergent, initiatives qui manifestent la capacité créative dans notre corps social ? Oui comment maintenir le consensus global en ces temps de changement...

 

Que peut-nous enseigner le texte de Mathieu, proposé par la liturgie quant au mouvement de la société et de ce qui peut la mettre en mouvement ? Jésus met modestement en œuvre une proposition formulée par un prophète de jadis [Zacharie 9,9] et, peu à peu, sans effort, comme naturellement, la ville sainte entière vivra au rythme de cette promesse... tout du moins un certain temps. Nous pouvons reprendre le mouvement selon quatre éléments :

  • Le récit enveloppe que Jésus reçoit et interprète, met en scène  « Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : <Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme> »
  • Le corps intermédiaire missionné par Jésus « Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus »
  • La libre participation active de beaucoup des membres du peuple à la marche de Jésus « Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : < Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! > »
  • Le fruit en est le questionnement de tous sur la figure de Jésus. « Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. » »

 

Une action initiée par la parole de l’homme Jésus, portée par quelques-uns, reprise par un plus grand nombre, proposée à tous. A chaque fois, la personne relais acquiesce à la demande et fait preuve d’initiative à partir du disponible qui se présente à elle pour manifester qu’elle en est.

 

Ce modèle n’est pas miraculeux mais il manifeste, doucement et puissamment, la vie qui se propose, se reçoit et se transmet. Alors, qui que nous soyons, où que nous soyons, sachons le, la transformation à laquelle nous aspirons ne se produira qu’à travers notre acceptation et notre reprise volontaire. Ce mouvement, il est bien fragile, n’en doutons pas, mais il peut se propager et se manifester, un peu comme ces applaudissements du soir à 20h00 pour le personnel de santé et toutes ces autres personnes qui contribuent à nous assurer les conditions de la subsistance. Ils manifestent, nuit après nuit, que le corps social prend conscience de lui-même et du désir qui le porte. Cet applaudissement devient mémoire de nos aspirations, il sera demain notre premier rempart, notre plus simple geste barrière. Alors aujourd’hui soyons fidèle à ce rendez-vous... Soyons confiants dans les petites choses qui naissent massivement entre nous, elles sont nos plus forts garants, confortons les !

 

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu'aux cieux, ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l'adversaire, où l'ennemi se brise en sa révolte [Psaume 8, 2-3]

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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