Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 20, 1-16 Et si un ouvrier avait répondu autrement au propriétaire...

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 20 Septembre 2020, 14:50pm

Catégories : #Evangile_réflexion

Le Seigneur Jésus nous raconte une histoire et elle ne semble pas franchement aller dans la bonne direction. Les premiers ouvriers rechignent sacrément et tous se quittent en mauvais termes...  du coup  je me suis demandé est-ce que cela aurait pu se passer autrement, et voilà ce qui aurait pu être dit au propriétaire de la vigne, à mon sens par l’un des ouvriers de la première heure. A vous de juger...

« Patron, moi qui suis un journalier vivant dans la précarité, je suis heureux d’avoir pu trouver à m’employer aujourd’hui. Il y en a tellement qui restent sur le pavé. Alors merci d’avoir fait appel à moi. Je suis aussi heureux d’avoir pu gagner décemment ma subsistance du jour pour moi et ma famille. Je me sens digne. Je ne vis pas au crochet des autres. Je suis aussi heureux d’avoir pu travailler à ta vigne, tu en prends tellement soin. C’est un travail de qualité. Oui, en plus de gagner ma vie, j’ai pu participer à un travail plein de sens. Et à travers tout cela y compris avec la manière dont tu nous as distribué nos salaires, j’ai pu mieux te connaître, découvrir ta grande bonté, ta générosité  envers toutes les autres personnes. Je suis vraiment heureux de cette journée et j’espère que nous pourrons nous rencontrer à nouveau. »

Oui je pousse un peu. Mais je pense qu’une personne aurait pu dire cela au maître de la vigne. Alors qu’est ce qui a permis à cet homme de tenir ce discours ? A vrai dire, le fait qu’il n’était pas centré sur lui mais sur ce qui se passait autour de lui. Il regarde son employeur, les autres ouvriers, la vigne... Il se rend compte qu’il ne fait pas tout, tout seul. Il agit certes mais grâce à l’aide des autres... et ce décentrement lui donne de pouvoir faire preuve de reconnaissance, d’envisager des liens qui se tissent pour la suite. Voilà son secret, ne pas regarder à partir de lui mais à partir de la situation globale...

Et bien, je ne sais pas si c’est bien correct dans le cadre d’une homélie, mais je vous propose de vous risquer à ce jeu, et pourquoi pas en famille ou avec des amis. Prenez une réalisation dont vous estimez qu’elle vous revient de droit... C’est vous qui l’avez fait et vous avez vraiment peiné pour le faire ! Et puis vous regardez cette réalisation sous d’autres aspects... Ce travail  vous a-t-il été demandé ? Avez-vous reçu une aide technique pour le réaliser ? Avec des Manières de faire, des outils, des recommandations... Quelqu’un vous a-t-il ou non encouragé ? Quelqu’un a-t-il pendant ce temps fait quelque chose pour vous ? Pas à pas, en se posant ces questions, nous prenons conscience que notre action n’aurait pas été sans l’aide de beaucoup d’autres personnes ? Cela nous rend modeste mais aussi réaliste. Cela nous rend aussi capable de dire « merci », un vrai merci bien concret, et cela nous donne d’entrer dans une perception plus profonde du réel... Faire ainsi me transforme peu à peu en une personne plus solidaire envers les autres, plus désireuse de faire avec les autres, plus capable de demander de l’aide et aussi plus capable d’en donner...  dans cette manière de voir, il n’y a plus de premiers et de derniers mais seulement des frères qui s’aident pour avancer dans leurs vies. Prenons le temps de nous décentrer, de contempler plus profondément nos situations, une nouvelle terre surgira alors !

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

Merci à l'auteur de cette photo

 

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