Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 18, 21-35 Prendre le temps de recevoir ce qui nous est donné, rend la société plus humaine

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 12 Septembre 2020, 20:44pm

Catégories : #2011 Evangile piste de réflexion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,21-35.

En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois je pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

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« Saisi de pitié ». La pitié est ce qui situe chacun de nous à sa juste place, devant son frère qui le demande, le requiert, pour pouvoir vivre. Peut-être, sommes-nous bien des fois sollicités à prendre pitié, dans la rue, par nos collègues, par nos amis, en famille… Peut-être aussi, demandons-nous la pitié à quelqu’un, nous lui demandons de nous pardonner, d’effacer notre tort, de restaurer la relation… Peut-être aussi, recevons-nous de lui ce cadeau inestimable du pardon, de pouvoir recommencer… Et là, se joue aussi beaucoup de notre humanité. Ma demande a-t-elle été faite à quelqu’un de qui j’attendais vraiment le pardon, ou bien n’était-elle qu’un moyen pour avancer selon mon objectif propre, ramenant l’autre à un simple moyen que j’oublie aussitôt qu’il a rempli son office… Ai-je pris le temps de goûter ce qui m’était donné ?

« Ne devais-tu pas, à ton tour » Le maître de la parabole demande de redonner à un autre « autrui » ce que lui a fait de bien pour moi [moi qui suis son « autrui »]… mais comment puis-je faire ainsi si je n’ai pas reçu vraiment ce qui m’a été donné, si je n’ai pas éprouvé ce que le pardon, la remise de dette produisait en moi... si je n’ai pas reçu le pardon qui m’était fait et que j’ai demandé…Un nouvel horizon s’ouvre à moi, savoir entrer en reconnaissance, mesurer, peser, savourer les bonnes choses qui me sont données, redonnées, savoir aussi considérer celui qui me les donne, apprendre à lui dire merci, « peser avec beaucoup d’amour » comme le dit Saint Ignace. Le reconnaître, laisser pousser en moi cette attitude de la reconnaissance, laisser mon cœur se dilater de reconnaissance. Alors, l’appel à la pitié me touchera vraiment, alors mon cœur sera compatissant, alors je serai proche de celui qui m’a remis la dette, proche aussi de celui à qui je remets sa dette, alors le Royaume habitera notre terre…

« Si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur » Cette parole est infiniment précieuse car celui qui l’a dit ne peut la dire sans se l’appliquer à lui-même, et c’est le Seigneur qui la profère. Il est Celui qui pardonne à son frère, c’est-à-dire à moi, de tout son cœur… En plus en ce jour d’être invité à mesurer le champ infini de l’économie de la grâce auquel je suis appelé à entrer pour que vienne le Royaume, m’ est aussi offert le moyen concret d’y entrer, ce pardon qui sourd du cœur du Seigneur.

Prendre le temps de recevoir ce qui m’est donné, pour pouvoir donner à mon tour autrement.

 

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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