Jésus leva les yeux au ciel et dit :
« Père, l’heure est venue.
Glorifie ton Fils
afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair,
il donnera la vie éternelle
à tous ceux que tu lui as donnés.
Or, la vie éternelle,
c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu,
et celui que tu as envoyé,
Jésus Christ.
Moi, je t’ai glorifié sur la terre
en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire.
Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père,
de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe.
J’ai manifesté ton nom
aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner.
Ils étaient à toi, tu me les as donnés,
et ils ont gardé ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu
que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données :
ils les ont reçues,
ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi,
et ils ont cru que tu m’as envoyé.
ce n’est pas pour le monde que je prie,
mais pour ceux que tu m’as donnés,
car ils sont à toi.
Tout ce qui est à moi est à toi,
et ce qui est à toi est à moi ;
et je suis glorifié en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ;
eux, ils sont dans le monde,
et moi, je viens vers toi. »
Nous vivons, en ces jours, ce grand basculement d’une certaine présence du Seigneur à un autre temps dans lequel nous entrons, dans lequel nous sommes appelés à être plus présents, plus actifs, marqués par ce qui a été vécu. Ce septième dimanche est là pour nous aider à prendre la mesure de ce basculement entre passé présent et avenir. « Nous croyons que c'était toi Père qui avais envoyé ton Fils ». Cela nous conduit dans la réception pascale de ce passage de la prière sacerdotale à resituer l’action du Seigneur, ce qu’il cherchait au fond, à prendre la mesure de la nouvelle situation, le départ du Seigneur de ce monde, à percevoir l’enjeu qui s’offre à chacun de nous : la fidélité au Nom de Dieu dans la nouveauté.
Le passé « je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée ». Telle était la finalité de l’action de Jésus sur terre, rendre gloire, c’est-à-dire manifester que Dieu le Père est Dieu le Père, manifester qui Il Est, manifester l’identité du Père à travers son action de Fils. Au cours du temps pascal, nous n’avons cessé de prendre la mesure de la présence en filigrane du Père dans ce qui orienté l’action du Fils… Le Fils l’a manifesté dans cette obéissance qui est allée jusqu’au don de sa propre vie. Nous en prenons à la lumière pascale une plus vive conscience.
Le présent « Désormais, je ne suis plus dans le monde ». Le Seigneur a pris dimension humaine, son action est donc, comme la nôtre, marquée de finitude. Elle s’est arrêtée un jour, ses apparitions aussi ont eu une certaine durée. Il quitte le monde, nous ne pourrons plus le rejoindre selon ce à quoi nous étions habitué. C’est l’acceptation de cette rupture qui seule peut nous ouvrir à la nouveauté d’une autre reconnaissance, nous faire entrer dans une nouvelle alliance.
L’avenir « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom » Le monde nous paraît différent à la lumière pascale. Il apparaît comme le lieu potentiel de la révélation du Père par notre action, action de part en part référée à l’action du Fils. Comme le Fils et à sa suite, notre action ne cherche plus qu’à signifier la gloire du Père, en appelant d’autres à la Foi, nous ne vivons nous aussi que de donner passage « dans la fidélité à ton nom ».
A travers cela, grandit cet Amour de Dieu en nous…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite