Mathieu 13, 54-58 Laisser advenir en nous le prophète

Mathieu 13, 54-58 : En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.

La parole prophétique d’où vient-elle ? De Dieu, du fond de la personne, dans la situation, elle est suscitée et elle dit un essentiel pour la vie de tous. Elle naît au-delà du paraître. Comme le dit le Seigneur à Samuel « Je ne juge pas de la même manière que les hommes ; les hommes s’arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu’au fond du cœur ». C’est du fond du cœur de chacun que naît la parole prophétique aussi bien du cœur du Seigneur Jésus que du cœur de chacun de nous… Et c’est bien pour cela que le Pape François dans son offre synodale encourage chacun à la parrhèsia, oser dire ce que porte son cœur quel qu’il soit, quelle que soit sa position sociale au sein du groupe…

Alors comment marcher vers cette dimension prophétique que nous portons tous ? Peut-être en honorant simplement notre triple vocation baptismale, en les déroulant l’une après l’autre, celle de toujours c’est la dimension sacerdotale où nous ne cessons d’offrir au Seigneur son humanité dont nous sommes en son devenir vers le Royaume des cieux, cette humanité qui chemine vers sa vocation de louange. Geste fondamental qui nous aide à être pleinement solidaires des autres ainsi qu’à notre juste place au sein de la communauté humaine.

Dès lors, nous pouvons recevoir la part de responsabilité qui est la nôtre qui peut croître, diminuer, évoluer au fil des années, nous sommes appelés dans cette dimension royale tout spécialement à faire régner la justice, en étant pleinement responsable de la part de la création dont nous avons reçu la gérance.

Alors marcher sur ces deux pieds, le pied sacerdotal et le pied royal, nous donne alors dans la situation présente de laisser naître en nous la parole prophétique qui viendra conforter notre prochain sur son chemin propre de vie.

Et c’est bien ainsi qu’a vécu Jean-Marie Vianney. Il n’a cessé d’offrir ses paroissiens au Seigneur, il a su assumer pleinement ses responsabilités d’homme et de curé. Et, peu à peu, s’est révélé en lui la capacité de parler au cœur de son prochain, devenant ce grand confesseur aidant au retour à l’union à Dieu de beaucoup.

C’est un chemin propre qui est offert à chacun de nous, quel que soit notre position, notre histoire, nos blessures.

Alors, en conclusion et en contrepoint, peut-être pouvons-nous recevoir cette pensée de l’Imitation de Jésus Christ qui recommande de « considérer ce qui est dit plus que celui qui me le dit ». Ainsi pourrons-nous aider notre propre frère à devenir lui-même prophète. Ce qui aide le chemin prophétique de chacun, c’est bien évidemment d’être reçu par l’autre. Alors en plus d’oser parler sachons aussi écouter. Considérons que bien souvent celui qui s’oppose à moi, me dit, à vrai dire, des paroles de vie.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite