La mission des disciples est-elle une catéchèse, un appel à la repentance ? De façon surprenante il semble que non. C’est pour une récolte, pour une moisson. La moisson est abondante ! Le Fils de l’Homme les y envoie. Mais quel est ce grain qui déborde ?
Luc montre ici un deuxième envoi. Il y a eu avant celui des 12 : « proclamez le règne de Dieu et guérissez les malades ». Il n’était pas parlé de moisson. C’est peut-être ce premier envoi qui donne à Jésus de voir Dieu à l’œuvre en toutes choses, ici et là, germant, levant, poussant, jusqu’à donner un grain mûri. Jésus le voit en cheminant, quand il réveille la louange et le service d’un Dieu qui met en route. Nous sommes des malades, infirmes, quand nous ne sommes pas advenus à cette louange en action, au milieu des réalités quotidiennes. Je reste courbé, je suis sur mon grabat, j’entends rien, je mendie, etc., et pourtant la Moisson est là, toute proche. Jésus vient la révéler. Dieu à l’œuvre et je ne le vois pas. La moisson se dévoilera en se laissant envoyer. Il faut partir comme des récipients vides, prêts à recueillir une récolte. « Demeurez, mangez et buvez ce qu’on vous présentera ». Le seul fait de passer suffit, si nos pas sont provoqués par la confiance en ce Père à l’œuvre et qui envoie. Les ouvriers du Père seront accueillis, et sa paix, là où la moisson ne sera pas retenue mais, au contraire, reconnue et louée. « Le règne de Dieu s’est approché de vous ». Sa Paix s’offre quand nous sommes disposés à goûter l’Esprit, guéris. Dieu qui passe nous pousse à demander la grâce de reconnaître sa Moisson. La recueillir, c’est rendre grâce et servir Celui qui en est la source, sans rien vouloir retenir ni garder. « Ne portez ni bourse ni sac ni sandales ». Il y a seulement à aller, à entrer, à accueillir Sa Paix. Job verra Dieu, son rédempteur !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Job 19, 21-27 ; Ps 26 ; Lc 10, 1-12