Trois jours qu'ils n'ont rien à manger. C'est peut-être une figure de la Passion. Le pain qu'ils n'ont pas, c'est peut-être Jésus qui leur est enlevé. Les quelques petits poissons, c'est peut-être notre part à mettre dans le pot pour vivre du pain de Dieu. Alors la résurrection du Fils de l'homme, elle est déjà dans ce regard du Père sur ses enfants bien-aimés. Comme dans celui du Fils bien-aimé sur la foule, sur nous, sur moi. C'est ce regard qui rassasiera la foule. C'est ce regard qui relèvera le Fils. Et il redeviendra notre pain, Dieu, en abondance. Notre seul travail sur terre finalement, c'est de nous convertir à son regard sur sa création, sur nous. C'est cela, choisir la vie. Le pain, c'est la gloire de Dieu. Et la gloire de Dieu, c'est l'homme debout, rassasié. Choisir la vie, c'est risquer de sortir de nos regards fermés. Fermés par peur de perdre une autorité, une aura, un pouvoir, par peur de perdre une image de soi à laquelle on est scotché, peur du vide, peur de la paix...
Et Dieu fera disparaître sur sa montagne le voile du deuil qui enveloppe tous les peuples, dit Isaïe. La montagne sera le Golgotha, et la Croix sera le temps de la disparition du voile du deuil ! "En lui nous espérions". Les disciples d'Emmaüs le rediront : "et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël !" La manière de Dieu est déconcertante. C'est la seule qui choisit la vie. Elle tient dans ce regard, comme celui du prodigue sur son fils. Vraiment notre seul travail, c'est d'entrer dans son regard.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Is 25, 6-10a ; Ps 22(23), 1-2ab, 2cd-3, 4, 5, 6 ; Mt 15, 29-37
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