Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mc 7,14-23 « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses »

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 9 Février 2022, 11:16am

Catégories : #Homélies

Marc 7,14-23 En ce temps-là, appelant de nouveau la foule, Jésus lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole. Alors il leur dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi  Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments.
Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

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« C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses »
Jésus poursuit dans la polémique ouverte et il y marque fortement son point de vue. Il en parle ainsi encore une fois à tous puis de nouveau, en privé, avec ses disciples, et il y revient enfin une troisième fois. C’est un enseignement qui compte pour Jésus, et son maintien entrainera sa condamnation à Jérusalem et son exécution. Le propos de Jésus est également fort conceptuellement. Il va à l’encontre d’une manière culturelle de se comporter, profondément ancré dans l’homme. Certes, nous ne faisons pas comme les juifs, nous avons apparemment rompu avec la catégorie du pur et de l’impur. Mais l’attitude de fond demeure malgré tout. Il y a, en nous, ce désir de perfection, de netteté qui nous entraine à mettre notre énergie pour réagir à ce qui n’est pas bien en nous ou en l’autre, et à faire des efforts pour avoir une bonne façade, espérant que par ces efforts nous deviendrons plus purs, plus nets, parfaits, impeccables même. Cela nous entraine dans des excès, aussi bien de rigorisme de pensée que de rigidité de comportement, envers nous-même ou envers les autres. Et en cela, hommes et femmes du XXI siècle, nous ne différons guère des attitudes et des comportements des juifs de l’époque aussi bien individuellement que collectivement.
 
Toutefois, une question demeure sans réponse. Au-delà d’accepter de percevoir les choses extérieures comme pures, comment progresser vraiment vis-à-vis de nos pensées perverses, en chacune de nos existences, si cette première manière de voir et de travailler sur l’aspect extérieur n’apporte rien ? C’est un enjeu auquel toute personne, tout collectif même, poussés par un désir d’avancer sur son chemin spirituel sont ou seront confrontés. L’expérience ainsi que la démarche d’Ignace, sur ce plan, méritent d’être considérées. Elles font partie du trésor spirituel de l’Eglise. Cet homme a été traversé par un fort désir de conversion. Il s’est jeté de toute son énergie dans ce retournement de lui-même recherchant une perfection extérieure absolue… Et, au bout de quelques mois, il a perçu l’inanité de faire tous ces efforts dans cette direction. Au fond d’une crise où il est passé à deux doigts du suicide, il a alors découvert, que le Seigneur lui tendait les bras pour cheminer simplement avec lui, à partir de là où il était ainsi qu’à son rythme à lui, Ignace, dans une relation dialogale. Et du coup, Ignace a trouvé une manière, une simple manière qu’il a pu proposer aux autres personnes pour avancer dans l’acceptation et la conversion en profondeur de son être. Cela s’appelle l’examen particulier.
 
Voir les défauts, les pensées perverses, les accueillir patiemment avec bonté comme elles sont, les relier alors, les présenter au Seigneur, alors, peu à peu, les manières de vivre, de se situer, de se comporter vont évoluer, s’orienter davantage dans le sens véritable de la vraie vie. Nul effort volontariste a priori mais une disponibilité à ce qui est, à ce qui se manifeste, et une offrande sans cesse renouvelée au Seigneur. Ce que propose Ignace concrètement, c’est, le matin, de former le propos de s’améliorer sur tel ou tel point, par exemple ma propension à critiquer, ma tendance à monopoliser la parole; et de demander pour cela son aide au Seigneur. En fin de matinée puis en soirée, je demande au Seigneur la grâce de me souvenir de ce que j’ai vécu. Alors je relis ma journée, m’arrête sur ce que j’ai vécu. Je reconnais mes manquements, je les présente au Seigneur et je lui demande son aide. Et peu à peu, jour après jour, la manière va évoluer sans trop que je sache comment, peut-être me sera-t-il donné de comprendre d’où vient le comportement inadapté… peut-être aussi naîtra en moi le désir d’une parole de demande sacramentelle de pardon.
 
Je me découvre ainsi être de parole, existant dans la relation, recevant la vie de Celui qui ne cesse de m’appeler, n’ayant pas à porter le fardeau de ma propre construction.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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