« Lorsque Jésus descendit de la montagne ». Le temps du discours, de la parole adressée, s’est terminé. Ils quittent tous la montagne, ils redescendent vers la plaine. La Parole a touché, elle travaille chacun, aussi bien celui qui vient de parler, que ceux qui l’ont reçue. La Parole conduit, ramène autrement à la réalité. La Parole qui est passée de l’un à l’autre, cherche à poursuivre son incarnation. Elle va devenir réponse qui interroge. Elle ranime le désir, elle cherche l’unité… elle va surgir nouvelle à partir d’une autre personne, un lépreux…
« Et voici qu’un lépreux s’approcha » La parole qui retentit me touche, revivifie des pans de ma personne, ranime des désirs, des espérances, elle m’encourage à m’exprimer, à aller vers l’autre, à m’adresser à l’autre. J’entre à mon tour dans l’échange, à partir de ce que je suis, de ce que j’ai et de ce qui me manque, je m’adresse à l’autre, tel que je suis, tel qu’il est : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. »
« Je le veux, sois purifié. » La réponse revient rapide, précise, pure. La Parole poursuit son travail d’unification. Etant tous les deux, Lui et moi, orientés, la nouveauté peut surgir, le lien entre nous s’attester, se manifester. Dans l’échange, se poursuit ce qui est la matière de l’histoire, la réconciliation de l’humanité, le rassemblement de l’humanité dans un même désir, une même attente, une même espérance… Le premier fruit surgit en un instant : « aussitôt il fut purifié de sa lèpre ». Mais la réconciliation se poursuit, la parole n’est pas allée encore jusqu’au bout « va te montrer au prêtre »… La parole ira jusqu’au bout, elle se répandra totalement devant tous, pour pouvoir tout reprendre en elle…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite