En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Durant le temps du carême, jour après jour, nous recevons divers passages de l’évangile, conduits par l’Eglise pour nous préparer à vivre les jours saints. Le cheminement en est balisé par les oraisons du dimanche. Je vous donne lecture de celles-ci. De là, nous percevrons l’enjeu de la semaine où nous sommes, l’appel à une plus grande générosité en nous, en comprenant plus profondément la notion d’accomplissement qui va, peut-être bien, au-delà de la réalisation à lettre d’un programme préétabli.
Voilà les oraisons des cinq dimanches de Carême et celle des Rameaux.
Accorde-nous, Dieu tout puissant, tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle.
Premier dimanche, Jésus au désert. L’enjeu du carême c’est avant tout celui d’une plus grande connaissance du Christ et de là en découlera une vie plus fidèle, qui sera le fruit d’une contemplation et non l’acquisition par soi-même d’une perfection a priori.
Tu nous as dit, Seigneur, d'écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans ta Parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire.
Deuxième dimanche, la Transfiguration. Là encore la contemplation nous est donné comme chemin avec à la transfiguration la Parole du Père : « écoutez mon fils ». Ce que nous avons particulièrement à vivre au fur et à mesure de l’avancée dans le carême, nous tourner vers lui.
Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi ; tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; écoute l'aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-nous avec amour.
Troisième dimanche. Jésus et le temple de Dieu. L’étape actuelle est de reconnaitre notre péché pour, étant relevés, avancer, mais avancer vers où ?
L’oraison suivante nous le dit.
Dieu toi qui as réconcilié avec toi toute l'humanité en lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien, pour qu'il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent.
Quatrième dimanche. Une foi, une hâte, un amour pour recevoir quoi… la relation entre le Seigneur et moi devient première…
Que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d'imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde.
Cinquième dimanche. L’amour perçu du Seigneur m’entraine dans une imitation, dans un amour de ma part envers les autres
Dieu éternel et tout-puissant, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix : accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection.
Dimanche des Rameaux. C’est l’entrée dans la semaine sainte, le terme du carême. Une imitation par amour… Entrer dans la contemplation du mystère, riche du chemin déjà parcouru
Alors aujourd’hui, dans ce cheminement proposé et auquel nous nous ouvrons chaque jour un peu plus… il s’agit de comprendre ce que Jésus tient à nous dire quand il proclame « je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». Accomplir, ce n’est pas réaliser un programme énoncé, c’est répondre à l’amour offert, le manifester par l’amour en retour. C’est ce que vit Jésus en son humanité. Dimanche dernier, Jésus reprenant les Ecritures, exprimait dans le temple de Jérusalem son amour passionné du Père accomplissant ainsi les Ecritures : L’amour de ta maison fera mon tourment.
Alors cela veut dire que, pour nous aujourd’hui, c'est la grâce d’entendre celui qui parle, à travers ce qui est dit, de chercher celui qui parle, à partir de ce qu’il dit, de quitter l’obligation de répondre au contrat pour entrer dans la relation vive, offerte.
C’est chaque jour attendre demain avec hâte, c’est entrer dans la presse de l’amour, c’est suivre Jésus sur son chemin d’accomplissement, c’est s’ouvrir à la demande de dimanche prochain : « Dieu toi qui as réconcilié avec toi toute l'humanité en lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien, pour qu'il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent. » Sachons être à l’heure du temps liturgique, sachons quitter nos vieux savoirs et nos vieilles habitudes qui nous sclérosent pour vivre de ce qui s'ouvre dans nos vies.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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