Un moment qui est toujours important, c’est lorsqu’entre deux personnes il y a une parole de reconnaissance réciproque, comme c’est le cas ici. Pierre dit qui est Jésus pour lui et Jésus annonce son devenir à Pierre. Cet échange ouvre un avenir. Mais la nouveauté de ce moment ne réside pas seulement dans cet échange ouvrant un avenir. Elle vient du lieu d’où naît la parole en Pierre.
En plus, Jésus dit à Pierre d’où vient la parole qu’il a proféré, de son Père à lui Jésus : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. ». Cette parole nous révèle que Pierre ne parle pas là comme les autres par ouï dire et par rapprochement, de l’extérieur : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. ». A vrai dire Pierre parle du profond de son être, de son cœur, du lieu où il est en relation avec le Père. C’est son être sacerdotal qui s’exprime là, celui qui nait au plus profond de nous, celui qui peut s’ouvrir à la nouveauté qui nait de la relation avec le Père, au-delà de la prise en compte de la situation et de l’échange avec les autres…
Mais Pierre ne tient pas toujours ce niveau de parole, Jésus le lui dira durement : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Notre parole est appelée à naître de la relation que nous avons avec le Père de Jésus, ainsi nous pouvons contribuer vraiment à la venue du Royaume sur terre. Sachons devenir ses intimes, laissons-nous imbiber de sa présence, reconnaissons la dans nos existences, prions-le !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite