« Eh bien moi non plus », aurais-je envie de répondre à la question que, dans la barque, Jésus renvoie aux 12 : « vous ne comprenez pas encore ? ». Pas sûr que c’était Mardi Gras pour eux ce jour-là, en tout cas ils ne sont pas à la fête. Ils sont centrés sur eux, sur le pain qui manque. Pendant ce temps d’autres à Kiev reculent par manque d’obus. D’autres manquent de sous, de santé, de paix, de frères et sœurs qui soutiennent et relancent, d’autres, aux States, d’électeurs, la terre manque d’oxygène, et nous voilà à discuter entre nous sur ces manques. Il y a des levains qui ne donnent rien de bon. Quel est notre levain ? Ah oui, zut, on s’est encore emmêlé les pinceaux dans ce qui nous enferme sur nous-mêmes et nos peurs. Je me suis emmêlé les pinceaux. Le levain au bord du lac, qui a remis des foules en marche, c’était quoi ? Le regard de Dieu sur les gens. Un regard qui prend aux tripes. Un regard de berger sur des brebis en quête de verts pâturages, et plus encore, en quête de berger. Un berger ne regarde pas ce qui manque, il regarde ses brebis, avec le cœur. Un cœur de foi. Cinq pains, ou sept, c’est assez, c’est énorme. Il suffit de les recevoir, d’en rendre grâce, devant les foules et les perplexes.
Si je laisse le regard de Dieu faire son œuvre, Jésus peut faire de nous « les prémices de toutes ses créatures », dit l’apôtre Jacques. Son regard et sa parole nous engendrent. Quel est notre levain, dans la pâte humaine de tous les jours ? Il en est qui durcissent tout, il en est qui aboient, semble voir Jésus. Mais il en est un autre, qui vient de Dieu, du ciel… Alors, nous ne comprenons pas encore ? Si c’est encore obscur, nous n’avons plus qu’à demander au Christ sa lumière.
Olivier de Framond, compagnon jésuite