Jésus fait vivre à cet aveugle des Exercices Spirituels, avant même de l’envoyer au Châtelard (Centre spirituel ignatien) ! L’exercice ? Aller à l’écart, s’ouvrir à la vie, avec les sens, via salive et mains, et faire des « répétitions ». Il guérit un aveugle, et par lui, beaucoup d’autres. Les gens qui l’amènent n’ont pas vu ce qui le rendait aveugle, une relation entre eux et lui qui bloque le courant de vie. Les 12 n’ont rien vu avec les pains et les foules. Ils n’ont pas compris l’œuvre de Dieu. Pour eux, c’est une lente guérison que le Seigneur opère. Ils ne verront qu’après la mort de l’Ami, jusqu’à vivre Pâques en eux. Le passage de Jésus dans leur vie, puis sa mort, vont créer un écart qui les mettra loin du village de leur monde, leur entourage. Le Ressuscité peu à peu les conduira dehors. Leurs yeux s’ouvriront, le cœur tout brûlant. Ils rentreront enfin dans leur maison, leur cœur, où un souffle les recréera. L’Ami leur dira à eux aussi : « ne rentre même pas dans le village », le monde ancien à qui leurs relations restent non ajustées. Jésus guérit la relation, le lien à l’entourage, comme à moi-même, qui empêchait de voir. Les 12 comprendront plus tard. Car comprendre ne vient qu’en entrant dans un mouvement créateur, la danse de la vie, qui jamais ne se laisse saisir. Alors la créature communie à la vie. L’homme reste aveugle tant qu’il ne se laisse pas entraîner par le mouvement de vie. Alors les 12 commenceront à voir. D’abord des arbres qui bougent. Un rameau d’olivier après le déluge, car finalement les arbres, c’est plus costaud que les hommes : l’olivier a survécu au déluge ! … Me laisser toucher, recréer, relier à la main du Christ, et aller, écouter, recevoir le Vivant qui se donne en moi.
Père Olivier de Framond
Gn 8, 6-13.20-22 ; Ps 115 (116b), 12-13, 14-15, 18-19 ; Mc 8, 22-26
