Dans l’histoire, le temps nouveau s’allume, il tire notre néant sur la rive de la louange…
Marc 1, 7-11 En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
« En ce temps-là », Attendre comment ? Le même et le différent doivent se tisser comment alors ? Car si pas le même, cela sera incompréhensible, cela n’aura pas de sens mais si le même, comment alors cela pourrait-il être une solution… Jean parle de ce point en lui, en nous… son baptême et celui de celui qui doit venir… La question est là, elle dispose un temps, une durée ; pour que quelque chose surgisse, mais ce qui surgira ne sera pas le fruit de cette attente, en revanche l’attente disposera à pouvoir reconnaître et pouvoir aller vers… Les méandres de cette vie avec le risque de désespérer, l’épreuve de vivre dans cette attente qui sait que la nouveauté ne surgira pas d’elle. Une attente pure, une attente qui se risque au désespoir, à la nudité… Le seul support : parler, proclamer… La vraie attente Jean le Baptiste ainsi nous l’enseigne, il est le plus grand des enfants des hommes parce qu’il se tient dans l’ouvert de sa vie, il attend que les cieux se déchirent…
« En ces jours-là » Une histoire autre avance, portée par sa dynamique, par son lieu de provenance, par la reprise d’une histoire. Nazareth, Galilée, le Jourdain, le lieu de l’entrée du Peuple dans sa terre, dans son histoire au sortir du désert, de l’errance, de l’attente… un mouvement géographique qui signe une histoire… L’histoire, toute l’histoire du Peuple, toute l’attente qu’elle porte sont reprises dans ce mouvement régressif qui va jusqu’à son origine, la Parole qui a donné de vivre, qui donne de vivre. Cette dynamique s’offre, elle reprend la vieille forme, ce dynamisme prend tout, ramasse tout, Jésus est baptisé par Jean… Ce dynamisme apparemment du même est à vrai dire autre. Ce dynamisme vient de plus loin, d’une relation qui déjà existait avant, avant ces jours-là, avant ce temps-là… L’homme Jésus peut aller jusque-là, jusqu’en ce point d’origine, parce qu’il croit vraiment, parce qu’il est engendré et non créé…
« Et aussitôt » La Voix surgit, la relation s’atteste, indique, authentifie la nouvelle voie, celle du Fils incarné. Le mouvement manifeste la filiation, la pure expression du mystère, elle produit le contentement, la joie du Père. Le Père conforte le Fils qui se donne, qui s’exprime… C’est dans le Fils, que nous pouvons faire ce chemin… recevons aujourd’hui cette nouvelle année… contemplons ce mouvement, c’est dans ce mouvement que se donne le mystère, contemplons Jean le Baptiste dans son attente, le Fils dans son don, le Père qui révèle sa joie…
Père Jean-Luc Fabre
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