Lc 6, 6-11
Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la synagogue et enseignait. Il y avait là un homme dont la main droite était desséchée. Les scribes et les pharisiens observaient Jésus pour voir s’il ferait une guérison le jour du sabbat ; ils auraient ainsi un motif pour l’accuser. Mais lui connaissait leurs raisonnements et il dit à l’homme qui avait la main desséchée : « Lève-toi, et tiens-toi debout, là au milieu. » L’homme se dressa et se tint debout. Jésus leur dit : « Je vous le demande : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de la perdre ? » Alors, promenant son regard sur eux tous, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il le fit, et sa main redevint normale.
Quant à eux, ils furent remplis de fureur et ils discutaient entre eux sur ce qu’ils feraient à Jésus.
Jésus se confronte à une situation nouvelle, porteuse de quelques caractéristiques dont le récit fait état :
Une personne en difficulté qui demande à être aidée
Un lieu : une synagogue régie par des normes religieuses
Un temps : le jour du sabbat où chacun se doit de vivre plus profondément certaines pratiques pour honorer Dieu
Un contexte relationnel : des personnes hostiles à Jésus et d'autres attentistes qui attendent de voir comment les choses vont tourner
Une liberté celle de Jésus qui décide ce que sera cette situation.
Il répond d'abord en agissant et en manifestant plus que ses valeurs, à vrai dire : son mode de relation et d'être. Il ne fait pas semblant de ne rien voir, de ne pas agir et par là consentir à une dissociation entre ce qu'il dit proclame et ce qu'il fait. Il prend soin de son être personnel.
Jésus prend le risque d'agir en conformité avec ce qu'il annonce. C'est cela être roi : laisser sa liberté s'investir et tenter d'ordonner la situation selon son désir. C'est aussi cela la sainteté : répondre selon la promesse évangélique à la situation. Jésus est un roi saint, pas un potentat...
Il y a déjà là un appel pour nous et notre attitude dans les diverses situations de nos vies, dans l'enjeu de la cohérence entre notre foi et notre pratique en situation.
Mais peut-être pouvons-nous aller plus loin. En plus de son acte de charité envers l'homme qu'il restaure en sa dignité, Jésus exerce aussi sa mission de prophète. Il aide ses opposants à percevoir l'enjeu de leurs propres libertés. Sentir en eux la fureur monter est un appel à prendre du recul sur eux-mêmes, à exercer leur liberté... Un jour l'attitude de Jésus ira jusqu'au point où ils pourront regarder Celui qu'ils ont transpercé et ils se convertiront.
Alors recevons là encore un enseignement pour nous : interrogeons-nous quand nous sommes en fureur, il y a là, au fond, un appel à la conversion de notre attitude...
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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