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La vie se donne, se reçoit, pas plus…
L’enjeu auquel nous sommes tous appelés, individuellement et collectivement, c’est de vivre. Mais pas n’importe comment car la vie se révèle fragile… la culture humaine, pour se maintenir, depuis la nuit des temps, encourage chacun à être responsable, à tenir ce à quoi il s’engage. Et la qualité de l’action individuelle se prend de sa responsabilité. Être adulte, c’est donc être fiable, de parole… cela est profondément inscrit en chacun de nous. Une société se construit de ce qui se donne, s’échange de manière responsable, fiable…
Et pourtant une parole plus ancienne vient à nous et fait surgir autrement la solidarité entre nous, et les moyens de la survie. Elle dit « donnez et l’on vous donnera », « pardonnez et vous serez pardonné », « prêtez sans rien espérer en retour ». Cela dresse une tout autre manière d’être, de vivre, d’être en relation. En chacun de nous, un autre être est sollicité non pas celui qui fait face à la situation : le roi mais celui qui reçoit d’un autre : le prêtre…
Pour prendre cet autre chemin de vie, il s’agit simplement de laisser être en nous une attitude non plus de responsabilité mais de reconnaissance. La nouveauté peut être reçue de manière nouvelle, la vie plus grande, les relations plus larges, il n’y a plus de restrictions en soi. Alors le vin ne manque plus, alors cinq pains et deux poissons deviennent suffisant pour nourrir une foule immense, la vie se donne, alors les plus vieux se retirent les premiers… alors la seule parole véritable sort de chacune de nos lèvres : « Notre Père… ». Ton règne de gratuité est là ! Oui, Amen, Alléluia !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite