La vague de la vie est la plus forte
Le Seigneur avance sur son chemin. Il manifeste de plus en plus clairement son identité, les relations qui le font tenir. Il exprime son système de valeurs… Sa parole trouve un écho large parmi le Peuple qui entend à travers lui un écho attirant du Mystère de Dieu. L’animosité envers lui de la part des autorités va débouler contre Lui comme une vague. Il la laissera passer en se penchant vers la terre pour ensuite se redresser. Il vit, en avance, un peu comme le mouvement même de sa mort et sa résurrection entrainant avec Lui la vie pour tous, pour cette pauvre femme et pour bien d’autres… notamment pour ses ennemis.
« Il s'assit » Voilà une situation normale pour Jésus. Il enseigne ses compagnons doucement, longuement. En fait, il exprime ce qui le fait vivre, ce qui peut faire vivre davantage ses frères. Les gens viennent à Lui, demeurent près de lui et il leur donne sa parole. Il accepte pleinement le contact de tous. Il demeure au Temple disponible, joignable… Les gens s’assemblent. Il rassemble son peuple. Il est ouvert à la nouveauté, à toute nouveauté. La nouveauté va surgir sous le trait d’une pauvre femme jetée devant lui, certainement terrorisée, une femme qui a commis, dit-on, un adultère, une faute grave qui perturbe la société et qui demande réparation. Selon la Loi, c’est la lapidation. Ses ennemis le somment d’agir, pour tenter de briser sa manière de se rapporter autrement au Mystère de Dieu… Une charge vient à lui, une vague veut le submerger, le détruire. On veut l’enfermer dans une réponse rapide ou une désobéissance de la Loi et on peut tomber sur lui ou un effacement de sa manière d’être et il ne pèse plus rien, il est décrédibilisé. Sa différence est de toutes les manières est annihilée… Il reçoit cette charge qui veut l’emporter.
« Jésus s'était baissé » Jésus pour résister à cette charge, ne fait pas face. Il n’entre pas dans le jeu de ses ennemis. Mais il se rapproche de la terre. Il se baisse. Il se calme, il calme les autres… Il amène chacun à ne plus se laisser entrainer par la vindicte collective. Il introduit un espace de liberté. Il amène les gens à attendre sa parole, à se disposer à l’entendre. Il dessine sur la terre des traits avec son doigt, qui va dans un sens, dans l’autre…. Les personnes regardent… Les questions ne sont plus d’un seul bloc… Un silence, peu à peu, se fait… Il peut alors se redresser, se mettre à parler… Et là, il s’adresse à chacun, vraiment. Il leur pose une question personnelle. Il renvoie à chacun à sa liberté, à sa capacité propre de répondre « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre ». Jésus reprend sa position d’humilité, renvoie chacun à sa liberté. Peu à peu, chacun regarde autrement la situation, il regarde la situation en y étant lui-même présent. Jésus les rend à leur propre liberté. Peu à peu, l’un puis l’autre et bientôt tous s’en vont…
« Il se redressa » La vague est passée, elle n’a rien fait, elle s’est perdue, elle a rendu les gens qu’elle avait prise dans sa furie… Un grand silence. Un homme, une femme sont là, seuls. Ils se parlent dans un dialogue essentiel. Un nouveau monde se crée. Jésus s’est redressé. Il irradie comme jamais la vie en plénitude. Il bénit. Il pardonne… La vie est une vague qui touche chacun personnellement et lui donne d’être pleinement. Jésus nous libère tous et chacun. Que son Nom soit loué !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite