Je me suis souvent dit que dans ce discours du pain vivant, il fallait s'accrocher ! En fait j'en suis moins sûr. Il ne faut surtout pas s'accrocher. Il y a à entendre, il y a seulement à se laisser saisir et entraîner. Il y a à consentir à ne pas comprendre.
Raphaël Buyse, dans son livre "Autrement, Dieu", évoque la manne, "mann-hou", "qu'est-ce que cela ?". Le pain vivant descendu du ciel, sa chair de fils donnée pour la vie du monde, qu'est-ce que cela ? Les uns avec les autres, les uns vers les autres, nous entrons alors dans un questionnement. Le seul travail, c'est celui de la patience à demeurer sur la route du manque et de l'absence jusqu'au bout. Jésus lui-même a peiné à comprendre à Gethsémani jusqu'où il devait avancer dans l'offrande de Dieu, pour demeurer ce pain descendu du ciel pour la vie du monde. Il est allé jusqu'au bout, et c'est ce qui nous sauve.
Il nous entraîne ainsi sur une route qui ouvre à l'inconnu, l'inconnu du Ressuscité. L'eunuque en fait l'expérience avec le diacre Philippe. Alors un peu d'eau, comme aujourd'hui avec la pluie, et une nouvelle route commence ...
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ac 8, 26-40 ; Ps 65 (66), 8-9, 16-17, 20 ; Jn 6, 44-51