Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Jn 16,12-15 Ce que parler, en vérité, veut dire…

Publié par Père Jean-Luc Fabre sur 15 Juin 2019, 00:26am

Catégories : #2016 evangile piste de reflexion

Jean 16,12-15. En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

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Dans ce passage de l’Ecriture se dit le Mystère de la Trinité, les liens qui existent entre le Père, le Fils et l’Esprit, se dit comment se prend entre eux la Communication qui les fait être. Recevoir cette manière d’être, de se rapporter les uns aux autres, pour nous, êtres humains, c’est pouvoir entrer dans la vraie Vie. La manière dont se vit l’échange en Communauté locale de la Communauté de Vie Chrétienne en est une excellente pédagogie…

J’ai encore beaucoup de choses à vous dire Ce que Jésus nous apprend, c’est que nous forçons la vérité, si nous voulons tout dire, tout tenir d’un seul point de vue. La parole véritable est dialogue… Le mot, pour accéder pleinement à sa vraie valeur, doit être repris par l’autre, toujours… Nul ne peut parler pour tout dire, de manière définitive. Cela est vrai pour Jésus… Cela est vrai pour nous… c’est ainsi que des choses nouvelles apparaissent… Cela est vrai dans les familles, cela est vrai dans les couples, cela est vrai en Communauté de Vie Chrétienne. Ma parole a besoin de la parole de l’autre, pour être. Heureux sommes-nous si nous en faisons l’expérience. Ma parole pour être, dans la vérité, doit pouvoir se livrer, et laisser à l’autre de pouvoir parler à partir d’elle… Alors, comment cette reprise peut-elle se faire ?

Mais ce qu’il aura entendu, l’Esprit le dira  dans cette partie de verset se trouve exprimer le rôle de l’Esprit. Manifester plus pleinement ce qui se dit, s’exprime. Lui donner, par-là, une nouvelle épaisseur, lui donner de produire son fruit en l’autre, lui permettre d’être reçu par l’autre, de se révéler plus grand que ce que je disais au-début. L’Esprit manifeste la gloire, le poids d’expression du mystère du Verbe de Dieu, dans ce que Jésus a dit, a fait en sa pauvre humanité… C’est ce qui se vit au cours du deuxième tour. Lorsque mon compagnon relève, reprend une chose que j’ai dite, il en fait surgir un sens plus profond, plus grand qui me donne d’avancer encore plus loin. Nous le vivons aussi lorsque quelqu’un nous répond. Il en est bien ainsi en effet de la réponse de la personne aimée à celui qui aime et se déclare, de la réponse de l’enfant au parent, de la réponse de l’artiste aux personnes prises douloureusement dans la situation…

Mais cette réponse ne suffit pas… tout ce dialogue est rendu possible parce qu’un autre attend, espère, dispose le temps, se donne en silence…

Tout ce que possède le Père est à moi Jésus à la fin du passage que nous venons d’entendre, le déclare. Ce qui est à lui, en fait, lui a été donné par le Père et ce don a été total. Aussi, le Père, ayant tout donné au Fils, ne peut plus qu’attendre que cela lui soit redonné par le Fils dans l’Esprit. Le Père, dans son attente, ouvre la durée du retour, le temps de la réponse. Ce lieu du Père, de l’attente qui permet que les choses deviennent est celui qu’occupe l’accompagnateur qui, dans la plus grande partie de la réunion de la Communauté locale, se tait. Il donne aux autres de parler, de se chercher, de se trouver, de se reconnaître. Ensuite, une brève parole attestera du fruit obtenu. Nous devenons en nos vies, parce qu’un autre nous attend, nous espère. Là aussi, nous trouvons la place que peuvent, que doivent occuper notamment les parents, les éducateurs, les soignants, les banquiers, et bien d’autres encore, ceux qui ont, en quelque sorte, autorité sur nous… la place de tous ceux dont l’attente permet que la réalité advienne…

C’est dans ce mouvement global que nous avons à recevoir le mystère de chacune de nos vies. D’abord essayer d’exprimer, de mettre en place ce que nous portons, laisser ensuite l’autre s’en saisir, recevoir enfin, de ce mouvement d’abandon, la révélation que ce que nous donnons nous était, nous est, en fait, donné. Recevoir alors d’aller plus loin, toujours plus loin, mais ensemble, vers Celui qui, nous ayant créé, nous créant, attend notre pleine expression de reconnaissance…

Recevons ainsi, en ces jours, l’histoire de notre Communauté régionale, dans tous ses cheminements. Sachons qu’à travers les avancées et les reculs, une réalité plus profonde cherche à se manifester, à se dessiner nouvelle. Elle nous est offerte, promise. Entrons plus profondément dans l’action de grâce pour aller plus pleinement vers Celui qui est notre Père, le Père de tous et qui nous donne d’être ses enfants, en devenant frères et sœurs les uns les autres…

Père Jean-Luc Fabre
Homélie pour la rencontre régionale de la Communauté régionale d’Yvelines Sud de la Communauté de Vie Chrétienne en ce dimanche de la très Sainte-Trinité, en 2016
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