« Comment pourrions-nous savoir le chemin ? ». Merci Thomas, le jumeau, notre jumeau. En réagissant ainsi, tu te mets en chemin. Jésus, le Christ, est venu nous mettre en chemin. Avec lui, on n’est jamais arrivé. Ou, si je me crois arrivé, c’est que je ne suis pas sur le chemin qui mène au Père. JE SUIS le Chemin. Un horizon s’ouvre, qu’on peut appeler le Réel, la Vérité. La Vérité ne se démontre pas, elle se révèle, toujours. JE SUIS la Vérité. Le Christ se laisse connaître, résolument, ouvertement. Mais jamais il ne s’impose. Tout prosélytisme est mensonge. Nous ne pouvons le connaître que par révélation. Comme Thomas en reconnaissant son incompréhension. Alors la vie surgit, car elle est Esprit, vie intérieure qui prend chair. JE SUIS la Vie. Saint Athanase, que nous avons fêté il y a peu, disait que le chrétien est l’athée des faux dieux. Il est « en chemin », à cause du Christ. Il peut éprouver les nuits de la foi. Elles le tiennent dans un patient et persévérant cheminement intérieur.
Un jour il demeurera dans la maison du Père. « Là où je suis, vous serez ». Ce lieu du Christ, lieu du Chemin, lieu de Vérité, lieu de Vie, il est invisible, intérieur. Il l’appelle « son Père ». Tout le reste, pour lui, s’ordonne à ce lieu. Thomas et les 12 ont dû être saisis quand Jésus leur dit : « croyez aussi en moi ». Nous, moins peut-être, car nous n’étions pas devant lui quand il le disait. Du coup croire en Dieu, croire en Jésus, c’est presque pareil. Mais quand c’est un proche, comme si c’était Jean-Marie, Esther, Robert, Christine, Sœur Youyou, qui me dit cela, je sursaute. Il invite à regarder l’autre, la vie, le réel, la mort, autrement. Je pars pour vous tourner vers mon Père et vous y mener. La mort est un départ, au sens d’un commencement … Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Et vous, vous êtes maintenant mes témoins. Par pur don et grâce de Dieu
Olivier de Framond, compagnon jésuite
