Jn 10, 11-18 recevoir la promesse de la Résurrection du Seigneur

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 20 Avril 2024, 13:18pm

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #évangile commentaire, #Evangile dimanche année B, #Evangile_réflexion

4e dimanche de Pâques, année B

Jn 10, 11-18

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

Peu à peu, le paquet cadeau révèle son secret : nous sommes tous les enfants bien-aimés du Père.

(Merci à l’auteur de la photo).

Nous avançons dans le temps pascal. Peu à peu, nous allons des apparitions à ses premiers disciples du Ressuscité à la sortie hors d’elle-même de l’Eglise, à la Pentecôte. Chaque dimanche du temps pascal marque comme une étape de la révélation du mystère intérieur de l’Eglise. Entrer dans une meilleure appropriation du mystère qui constitue l’Eglise en son fond est la manière, pour chacun de nous, de vivre, plus avant, notre suite personnelle du Christ Ressuscité.

Voilà les étapes que nous pouvons retenir. Le deuxième dimanche reste sur le moment des apparitions comme pour le jour de Pâques, c’est la fin de l’octave pascal. Mais la semaine dernière, le troisième dimanche, un appel à être témoin de la résurrection a été lancé par le Christ à ses premiers disciples, comme leur réponse propre à l’enjeu de la vie en plénitude pour toute l’humanité. Aujourd’hui, la relation entre Jésus, le Père et les « brebis du vrai pasteur », se précise. Dimanche prochain, avec l’image de la vigne et des sarments, la relation d’interdépendance s’affinera encore. Le dimanche suivant, il s’agira de s’aimer les uns, les autres comme Jésus nous a aimé et devenir ainsi « ses amis ». Le dimanche avant la pentecôte, notre témoignage dans le monde à la vérité du Christ se vivra grâce à la joie du Christ, reçue par nous. Le point sensible au cours du temps pascal se révèle donc bien comme l’évolution de la relation entre nous croyants pour devenir témoins véritables de l’action du Christ Ressuscité, du rassemblement des brebis de tous les enclos à la joie unifiante des envoyés du Christ en passant par les multiples sarments de l’unique vigne du Père.

Et nous avons aussi à prendre conscience qu’à la lumière du Christ Ressuscité, d’anciennes paroles prononcées par Jésus au temps de sa vie terrestre prennent un sens d’une profondeur nouvelle. Ainsi durant sa vie publique, Jésus a dit : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis ». Et les témoins de sa résurrection reçoivent, maintenant, ce propos comme radicalement vrai, à partir de ce qui a été vécu dans les apparitions du Christ Ressuscité. Jésus est le « vrai berger » car, à sa passion, il a effectivement donné sa vie pour ses brebis. Il est mort pour elles, pour qu’elles puissent vivre en plénitude. Dès lors, les témoins écoutent tout ce qu’il a dit, lui le vrai pasteur qui les conduisait hier mais qui les conduit aujourd’hui encore, d’une manière renouvelée

Les disciples entendent de manière renouvelée la proposition d’un chemin d’intimité entre le Père et le Fils et eux-mêmes, quand Jésus déclare « je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ». C’est donc en cela que consiste la vraie vie, connaître Jésus et, par-là, connaître le Père comme Jésus le connaît. Etablir entre tous, Père, Fils et premiers disciples, une communauté de connaissance, d’échange, de vie, d’amour grâce au Fils qui se tient en médiation. Mais cette communauté se réduit-t-elle à eux seuls, les premiers témoins ?… Non. Une mission surgit de la bouche de Jésus : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. »

Cette mission sera, à la fois, conduite par Jésus Ressuscité, grâce à son Esprit, et assurée par les témoins qui contribueront à conduire les autres, par leurs propres témoignages, comme Jésus avait lui-même jadis témoigné. C’est ainsi que nous pouvons comprendre la phrase de Jésus : « J’ai le pouvoir de donner ma vie, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. » Cette vie, la vie éternelle qui relie Dieu et tous les vivants et les vivants entre eux, il la donne sans cesse aux disciples, hier, aujourd’hui et demain.

Nous percevons un double mouvement, à la fois, un approfondissement et une extension, vers le Père par une connaissance partagée et vers les frères par un aller vers leurs divers enclos… voilà ce que portait en profondeur comme promesse pour tous les hommes, la résurrection du Seigneur : devenir tous frères car tous nous sommes enfants du même Père, et cela par Jésus le Fils unique. Cette logique demeure active aujourd’hui, n’en doutons pas. Chaque année, le temps pascal est là pour nous aider à réentendre de manière neuve cette promesse, à la recevoir plus pleinement dans la foi, à comprendre comment je suis appelé, personnellement, à m’y comporter moi-même comme vrai témoin allant du même mouvement au Père et à mes frères.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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