Jean 10, 11-18 En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Nous avançons toujours davantage dans le temps pascal et, peu à peu, semaine après semaine, il nous est proposé d’entrer dans la promesse plus large, plus profonde de la résurrection du Seigneur qui se propage à toute la création, à toute l’humanité, d’y entrer ou tout du moins de nous y ouvrir. Cette promesse, elle nous est pleinement adressée, depuis toujours, à nous les chrétiens de toutes les autres époques que l’époque apostolique. Le Christ est ressuscité pour ses premiers disciples mais pour nous aussi et pour tous les autres être humains. Le travail liturgique nous aide à en prendre conscience.
Pour vivre et nous approprier cet approfondissement, nous nous mettons ainsi à l’écoute, selon l’angle de la résurrection, de certains passages des évangiles, choisis par l’Eglise. Celui qui nous parle dans ces récits, ces scènes, ce n’est pas que le Jésus pré pascal mais c’est celui qui a déjà donné sa vie pour ses brebis sur la Croix, celui qui a reçu à nouveau la vie au matin de Pâques, celui qui s’adresse directement à chacun de nos cœurs, à nous tous qui sommes d’après le temps apostolique, celui des premiers disciples… celui qui a été fait Christ et Seigneur ! Et sa parole en reçoit une pleine autorité.
Il nous parle et nous entendons sa voix. Et nous pouvons le croire. Et nous pouvons alors entrer dans ce nouvel espace attendu depuis toujours : le royaume de Dieu. Ce qui nous est dit aujourd’hui, c’est que le royaume se construit par la constitution d’un seul troupeau et par l’action d’un seul et unique pasteur pour tous les temps, toutes les terres. Dans cette lente édification, il est le souverain roi, lui le serviteur qui a tout donné de lui-même et de sa vie. Maintenant et pour toujours, il donne sa vie et il la reçoit de nouveau et nous fait ainsi entrer dans sa vie à lui, sa vie reçue du Père, la vie divine, la zoé que nous pouvons nous aussi, à notre tour, recevoir, donner et recevoir à nouveau.
Alors que pouvons-nous dire pour notre attitude présente ? Pour le moment, que nous sommes ses brebis, et que nous n’avons pas à être des bergers mercenaires. Le texte ne dit pas plus. Nous n’avons aucune place, aucune position à usurper. Nous avons seulement à recevoir sa vie qui se donne à nous en ce jour.
Et, par-là, commence à se tramer, à se tisser, en deçà de notre conscience, le réseau de la vie nouvelle qui constitue le royaume de Dieu. Les jours suivants nous indiqueront plus précisément notre chemin. Mais, aujourd’hui, nous demeurons lui avec nous et nous avec lui. Amen !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite