L’aveugle Bartimée a saisi sa dernière chance : Jésus sort de Jéricho et il se dirige vers Jérusalem, le lieu de son arrestation et de sa Passion. Bartimée est le fils de Timée. Il est connu, reconnu, mais il fait un peu partie du décor. Il est mendiant à vie, personne ne peut rien faire pour lui. Pourtant, il a une force en lui, une volonté et surtout une foi forte : il croit que Jésus qui passe peut le guérir, lui permettre de voir, et il crie vers lui.
Jésus l’entend, il s’arrête, le fait appeler et va lui parler : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Et Bartimée réclame de voir. Jésus va lui redonner la vue et le félicite pour sa foi qui le sauve.
Bartimée guéri va suivre Jésus sur le chemin. Non seulement il y voit, mais il a trouvé un sens à sa vie, celui de suivre Jésus. Même si c’est le suivre jusqu’à la croix… Il était à l’arrêt et il est maintenant en route. Il était isolé, méprisé, il est maintenant à hauteur des autres, fort de son expérience d’aveugle guéri, d’homme sauvé. Il pourra témoigner de sa foi, redonner confiance à ceux qui n’y voient pas, qui sont au bord du chemin.
Et nous, où en sommes-nous sur ce chemin avec Jésus ? Sommes-nous sur le bas-côté ou en chemin ? Quel est l’état de notre vue ? Nous avons peut-être la chance de bien y voir, alors que d’autre n’ont pas cette chance. Peut-être que nous n’y voyons pas bien dans notre vie, que nous sommes dans le flou, à l’arrêt ? Comment percevoir que Jésus passe près de nous ? Comment l’appelons-nous dans notre prière ?
Jésus s’arrête pour nous parler, dans la prière là aussi. A travers la Parole de Dieu. Il veut nous ouvrir les yeux, il veut aussi nous ouvrir le cœur. A nous de bondir vers lui comme Bartimée et de le suivre, ou de continuer notre marche. Notre foi suit un chemin qui peut contenir des arrêts. Mais les arrêts trop prolongés ne rendent pas heureux.
Au bord du chemin, il y aussi des personnes en difficulté. Celles qui sont dans la rue, les mendiants qui n’ont pas de logement, des migrants en particulier. Est-ce que nous les voyons ou bien font-ils partie du décor ? Il y a ceux qu’on ne voit pas, qui se cachent. Qui peuvent avoir des cris étouffés, qui voudraient y voir dans leur vie, qui voudraient voir Jésus.
Jésus nous envoie vers eux, vers elles. « Appelez-le » dit-il dans l’évangile. A qui pensons-nous ? Qui pouvons-nous appeler ? Qui pouvons-nous inviter ? Nous ne pouvons pas être une foule indifférente qui suit Jésus, mais une assemblée de frères et de sœurs qui se sentent appelés à témoigner de notre foi. Nous devons être une Eglise en sortie, comme le souhaite notre pape François, en sortie vers les périphéries.
Jésus marche vers Jérusalem. Nous aussi, aveugles guéris, nous le suivons vers le lieu de sa Passion et de sa Résurrection. Nous aussi, des croix nous attendent. Mais la résurrection est là, plus forte. C’est la joie qui l’emporte dans notre foi. La joie d’avoir une relation personnelle avec le Christ qui nous aime et nous guide. La joie d’être un peuple, qui pousse des cris de joie comme du temps du prophète Jérémie, la joie d’être rassemblés, sauvés après l’épreuve. Des épreuves, le monde en traverse beaucoup, comme les guerres si cruelles. Faisons confiance à Jésus qui nous entraîne à sa suite à être un peuple artisan de paix et de fraternité, qui nous ouvre les yeux sur notre monde à sauver.
Jean-Christophe Cabanis, curé de la paroisse de Colomiers (31770 Colomiers)
Jr 31, 7-9 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52