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Homélie : deux libertés, deux obéissances - 11 février 2024

Publié par P. Pascal Desbois sur 10 Février 2024, 22:12pm

Catégories : #Homélies

Merci à l'auteur de cette image

               Au livre du Lévitique, la loi est claire : Tout homme ayant contracté la lèpre habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp. Or l’évangile d’aujourd’hui nous rapporte qu’un lépreux vint auprès de Jésus… Il transgresse ainsi la loi de Moise… Comment la présence du Christ a pu venir jusqu’aux oreilles du lépreux qui vit en reclus, et comment a-t-il pu oser braver l’interdit qui le frappait ? En tout cas c’est vrai : Tout le monde te cherche Seigneur… Même les reclus… Et nous le sommes tous d’une certaine manière ! Nous le pressentons, vouloir sortir de nos enfermements, c’est inscrit par Dieu en chacun. 

Aussi la rencontre du lépreux et de Jésus, c’est la rencontre de deux libertés faites l’une pour l’autre : 

  • Celle du lépreux qui reconnaît en Jésus son Sauveur jusqu’à braver les interdits. 

  • Celle de Jésus qui, par miséricorde, accepte de se laisser approcher par cet homme et de le guérir de ce qui fait son opprobre. 

Mais il n’y a pas de liberté sans épreuve ! Après l’épreuve de la maladie et sa guérison, l’homme doit affronter une autre épreuve, celle de l’obéissance : il doit aller se montrer aux autorités selon la loi juive. Durant sa lèpre il était soumis à la loi contraignante des hommes, une loi d’exclusion. Après sa guérison, il redevient libre et devra obéir à la loi de liberté de Dieu, une loi d’inclusion. Il devra réintégrer la vie sociale sous peine de repartir dans l’exclusion. 

La rencontre du lépreux et de Jésus c’est donc aussi la rencontre de deux obéissances : 

  • Celle de l’homme… encore défaillante. 

  • Celle du rédempteur venu sauver l’homme du péché et de la mort par obéissance à son Père, et qui elle, n’est jamais défaillante. 

Il n’y a pas de liberté sans obéissance à la Vérité. Pour cet homme cela commence par l’obéissance à la loi Mosaïque. Pour nous, le pardon des péchés nous rend intimes du Christ, mais cette intimité est conditionnée à l’obéissance à la loi d’amour et de Vérité qui nous lie à lui désormais. 

Comme la guérison du lépreux, le pardon des péchés remet l’homme debout. St Paul donne le portrait de l’homme debout dans la deuxième lecture : tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne, en toute circonstance, tâchez de vous adapter à tout le monde, sans chercher votre intérêt personnel…. La loi d’amour obéit à la réalité des personnes. St Paul nous invite donc à vivre dans le monde en respectant les lois, les us et coutumes certes, mais avant tout à vivre à l’écoute des personnes rencontrées. Cette manière de vivre, n’est autre que celle de Jésus qui s’est fait le premier Tout à Tous. Le lépreux guérit par Jésus n’adopte pas cette attitude : il répand la nouvelle partout comme si sa guérison lui appartenait…  Comme s’il en avait un quelconque mérite. Pour nous, bien sûr que l’action salvatrice du pardon nous pousse à la gratitude, mais il y a un piège… Jésus nous le dit : il ne suffit pas de dire à tout va " merci Seigneur, merci Seigneur" ...il faut faire la volonté du Père : c’est à dire obéir à la loi d’amour et exercer la charité envers tous. Le fruit du pardon est alors la croissance de la Charité : la capacité d’aimer comme Dieu aime ! Pour être justement tout à tous ! ...

Après cela, Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. C’est au tour de Jésus de subir le sort du lépreux ! Jésus subit le châtiment que le péché inflige à l’homme : le Christ porte par obéissance les péchés du monde. St Paul dira que le Christ a été identifié au péché ! C’est l’obéissance du Christ sur la Croix qui sauve l’homme. De partout cependant on venait à lui, dit l’évangile ! Là où le péché abonde, la grâce surabonde. C’est la miséricorde de Dieu à l’œuvre… 

Nous entrons en Carême, Mercredi prochain. C’est un temps privilégié pour vivre une rencontre avec le Christ. Si tu le veux, tu peux me purifier : avait dit le lépreux à Jésus. Petit à petit, nous grandissons spirituellement, le signe est que nous sommes de plus en plus capable d’aimer notre prochain en vérité… comme nous-même ! Alors que le Seigneur provoque lui-même la rencontre qu’il veut faire avec chacun de nous durant ce temps de pénitence, mais surtout de réconciliation et de vérité. 

 Amen   

P. Pascal Desbois, vicaire de la paroisse de Colomiers

Lv 13, 1-2.45-46 ; Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11 ; 1 Co 10, 31 – 11, 1 ; Mc 1, 40-45

 

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