Il y a quelques jours Dieu crée l'humain, homme et femme, à sa ressemblance. Aujourd'hui qu'en est-il ? Un serpent a foutu la pagaille. Et Jésus ne rencontre que des infirmes ou des blablateurs. Adam et Eve auraient dû faire les exercices spirituels de St Ignace. Ils auraient appris à discerner les esprits. Le rusé, il est malin. D'ailleurs on le nomme le Malin. Il commence par semer un petit trouble. Et ça y est, Eve a confondu l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal ! "L'arbre du milieu du jardin, vous n'en mangerez pas les fruits sinon vous mourrez". C'était presque juste, sauf que cet arbre-ci c'est l'arbre de la vie ! Elle n'a pas réussi à nommer l'arbre qui semble se trouver en face d'elle et que lui suggère le serpent. Et tout déraille. Leurs yeux s'ouvrent, oui, mais ce n'est que pour éprouver de la honte devant leur nudité, de la peur devant la vie dont ils se cachent, et un mutisme lourd. Les fruits étaient savoureux, comme avant avec Dieu, mais là, ils mènent dans une impasse pleine de nœuds.
C'est peut-être un mélange de fruits, les uns de Dieu, mais d'autres du Malin, que nous goûtons. En tout cas le sourd bègue, Jésus doit le mettre à l'écart de son entourage pour se laisser recréer, comme par cette haleine de vie de Genèse 2. "Effata" ! Un malade, dans les évangiles, c'est souvent signe d'une relation malade. Le sourd bègue est guéri. Son entourage, pas encore. Ces gens qui l'ont amené blablatent, ils ne voient rien, ils n'écoutent rien. Ils n'ont pas fait leur "prière d'alliance" pour reconnaître comment Dieu se donne à eux. Le vrai miracle de Dieu, c'est sans doute qu'il n'est tourné que vers la vie, même au plus profond de notre pâte humaine plus prompte à voir ce qui cloche que le bon grain, la vie à semer, au-delà des blessures, des violences et autres trucs qui nous agacent ou nous troublent. Tu as aimé, Seigneur, cette terre. Donne-nous la grâce de recevoir ton souffle, pour l'aimer avec toi.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Gen 3, 1-8 ; Ps 31 (32), 1-2, 5cdef, 6-7 ; Mc 7, 31-37