Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


2ème partie : Le rôle de la littérature dans la formation - Pape François

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 6 Août 2024, 20:59pm

Catégories : #lettre information, #Pape, #pape, #JLfabre, #Citations, #Foi

Merci à l'auteur de cette image

 

 
Saint Paul recueille les semences de la poésie païenne et, sortant d’une attitude antérieure de profonde indignation (cf. Ac 17, 16), il va jusqu’à reconnaître les Athéniens comme étant “très religieux” et voit dans ces pages de leur littérature classique une véritable preparatio evangelica ». Qu’a donc fait Paul ? Il a compris que la littérature « découvre les abîmes qui habitent l’homme, tandis que la révélation, puis la théologie, s’en emparent pour montrer comment le Christ vient les traverser et les illuminer ». La littérature est donc une « voie d’accès », vers ces abîmes, qui aide le pasteur à entrer dans un dialogue fructueux avec la culture de son temps
 
« En lisant les grandes œuvres de la littérature, je deviens des milliers d’hommes et, en même temps, je reste moi-même. Comme le ciel nocturne de la poésie grecque, je vois avec une myriade d’yeux, mais c’est toujours moi qui vois. Ici, comme dans la religion, l’amour, l’action morale et le savoir, je me dépasse, et pourtant, lorsque je me dépasse, je suis plus moi-même que jamais ».
 
« Lorsque je pense à la littérature, je me souviens de ce que le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges disait à ses étudiants : le plus important est de lire, d’entrer en contact direct avec la littérature, de s’immerger dans le texte vivant qui se trouve devant nous, plutôt que de s’attacher aux idées et aux commentaires critiques. Et Borges expliquait cette idée à ses étudiants en leur disant qu’au début ils ne comprendraient peut-être pas grand-chose à ce qu’ils liraient ; mais, en tout cas, ils entendraient “la voix de quelqu’un”. C’est une définition de la littérature que j’aime beaucoup : écouter la voix de quelqu’un. En parcourant cette voie qui nous rend sensibles au mystère des autres, la littérature nous apprend à toucher leur cœur.
 
En ce qui concerne les contenus, il faut reconnaître que la littérature est comme “un télescope” – selon la célèbre image inventée par Proust – braqué sur les êtres et les choses, indispensable pour mettre en évidence “la grande distance” que le quotidien creuse entre notre perception et la totalité de l’expérience humaine. « La littérature est comme un laboratoire photographique dans lequel les images de la vie peuvent être traitées pour en révéler les contours et les nuances. C’est donc à cela que “sert” la littérature : à “développer” les images de la vie », à nous interroger sur son sens. Elle sert, en somme, à faire efficacement expérience de la vie, Il est nécessaire de retrouver des manières de se comporter face aux réalités accueillantes, non stratégiques, non directement finalisées à un résultat, où il est possible de laisser émerger l’infinie démesure de l’être. Distance, lenteur, liberté sont les caractéristiques d’une approche du réel trouvant précisément dans la littérature une forme d’expression qui n’est certes pas exclusive mais privilégiée. La littérature devient alors un gymnase où l’on entraîne le regard à chercher et à explorer la vérité des personnes et des situations en tant que mystère, en tant que chargées d’un excès de sens qui ne peut se manifester que partiellement dans des catégories et des schémas explicatifs, dans des dynamiques linéaires de cause à effet, de moyen à fin. (SUITE et FIN)
 
 
Jean-Luc fbare, compagnon jésuite
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